The Warriors représente la sauvagerie urbaine comme une partie d’escape game, le principe de l’intrigue étant de retrouver son point d’origine en traversant le grand New York à pieds ou en métro, lancé dans une course-poursuite impitoyable et jouissive. Walter Hill n’a pas son pareil pour styliser le combattant : tantôt torse nu (musclé) encadré par le veston de cuir, tantôt le visage fardé à la manière d’un clown avec batte de baseball à la main, tantôt en t-shirt vert et jean bleu, il est membre d’un corps plus vaste qui lui confère son identité et lui assure une protection. Les gangs disposent tous d’une particularité vestimentaire qui semble dénoter une particularité ethnique, longuement introduite lors du générique de début puis pendant le discours du prophète. Aussi le long métrage travaille-t-il au corps la notion de leader, puisqu’il raconte l’accession d’un jeune loup à la tête de la meute et sa reconnaissance par celle-ci. Les retournements scénaristiques fonctionnent comme autant de mises à l’épreuve censées séparer les faibles des forts et voir triompher le dur à cuire, ainsi reconnu par celui que l’on pensait être l’antagoniste, mais qui s’avère être finalement le faiseur de héros. The Warriors passe son temps à traverser des zones hostiles pour mieux se les approprier, les subordonner à Swan et sa bande ; il n’est question que de territoires, les quartiers recouvrant leur indépendance, desservis par un arrêt spécifique du métro. Hill construit une nouvelle carte de New York sur laquelle n’apparaissent que les bas-fonds, les banlieues, les espaces reculés, loin des vues de cartes postales. Ce faisant, il signe une œuvre de révolte, testostéronée et nerveuse, également tendue vers une poésie à l’état brut, comme lorsque Swan récupère le bouquet blanc pour l’offrir à Mercy ou la déambulation dernière sur la plage. Quelques longueurs, des répétitions, une iconisation facile et lourdingue, mais ça percute ! Et c’est ce que nous retiendrons de cette œuvre qui n’a rien perdu de sa puissance.