Monument du catalogue des studios Ghibli, régulièrement évoqué comme l'un des plus grands films d'animation de l'histoire, Le Voyage de Chihiro est un film qui vit et qui respire à chaque scène, chaque séquence, comme si son monde fantastique prenait soudainement vie devant nous pour nous inviter au voyage. Peu importe ce qu'il est ; créatif, onirique, ou dans le vaste monde qui est le notre. Le voyage au sens le plus large du terme : pour faire des rencontres, l'autre - à commencer par nous même -, des êtres humains aux animaux, découvrir des lieux, profiter de paysages, ou vivre, tout simplement, toutes sortes d'histoires. Prenant la forme d'une vaste fresque métaphorique et colorée, il surprend toujours, en nous menant aux côtés de Chihiro ici ou là, à la rencontre d'êtres et de mécanismes, d'espaces, clos ou ouvert, presque toujours vastes et riches. Le mouvement est perpétuel ; les temps morts sont rares. Ils sont alors l'occasion d'une bonne inspiration, avant que ne reprenne le récit, délivrant son lot d'idées fantastiques et merveilleuses. Génial pour rendre son univers organique, Le Voyage de Chihiro sait insérer quelques critiques habiles sur son époque. L'avidité, la convoitise, la vénalité, la société de consommation sont tour à tour à tour perçues comme autant d'abîmes ou se perd la raison humaine, conduisant à la folie du groupe dans son ensemble. Tout ceci n'est, heureusement, que passager. A la fin, la bonté, la sincérité des êtres vivants, leur fraternité et les liens de solidarité qui les unissent, triomphent dans un final d'une beauté étourdissante et à la charge symbolique forte : La petite Chihiro déménageant avec ses parents découvre un nouvel univers ; il en ressortira une multitude d'expériences toutes nouvelles, la rapprochant d'un état d'harmonie et d'épanouissement qu'il ne tiendra plus qu'à elle de chérir, et d'entretenir. Ce voyage de Chihiro est celui de la vie ; c'est un voyage magnifique.