Je n’ai trouvé aucune complaisance dans le point de vue artistique de Larry Clark. C’est morbide, certes, mais son scénario est inspiré d’une histoire vraie.
Il y a des faits divers bien plus ou tout aussi crapuleux dans nos sociétés. Des actes barbares réels que l’on pourrait croire sortis de l’imagination d’un metteur en scène.
Comme d’habitude, je constate que le sexe révolte plus que la violence. Quant aux scènes de sexe violentes, ça donne du grain à moudre à tous ceux qui ciblent le sexe comme une chose impure, qu’on ne doit pas montrer.
Chez Larry Clark, la violence et le sexe sont une constante chez les ados et jeunes pré-adultes.
Le langage est cru, les scènes de sexe sont justes, le quotidien de ces jeunes est triste et la violence est insoutenable.
Ce tout rend le récit glaçant.
Je préfère la crudité de Larry Clark à certains films qui se la jouent esbroufe ; on salue un langage cru mais l’action ne suit pas. Elle est d’une pudibonderie crasse.
Ce que j’appelle crudité n’est rien d’autre qu’honnêteté chez Larry Clark.
Ce qui m’interpelle en premier dans « Bully », c’est la violence et rien d’autre. La violence des propos, la violence physique. Les scènes de sexe me sont secondaires.
Je vois venir les zélés : si c’est secondaire, quel intérêt de montrer ? On peut s’en passer.
Ben non ! Les scènes de sexe sont secondaires mais elles s’inscrivent parfaitement dans le récit. Elles ne sont pas gratuites.
On voit bien que Larry Clark connaît les jeunes pris en tenaille entre l’adolescence et l’adulescence.
Exceptés Lisa et Billy qui sont déterminés, les autres jeunes de la bande brassent de l’air. Ils fantasment.
De la théorie à la pratique, il y a évidemment un monde que ces jeunes finissent par franchir mais dans la douleur, dans le regret, dans la culpabilité, dans le déni de toute participation active.
Une douleur qui, pour certains, sera trop pénible à endurer.
Non seulement ils sont naïfs comme Lisa et Derek puisqu’ils en parlent à des proches, mais leur naïveté traduisent aussi leur immaturité. Les voir faire l’amour ne signifie pas qu’ils sont matures. Voilà aussi pourquoi ces scènes de sexe que je considère comme secondaires sont importantes et sont un leurre.
Le sexe est soit synonyme d’expérience, de passe-temps, d’amour, d’exutoire à la violence !
A voir en V.O si possible.