La jeunesse américaine selon Larry Clark. Sexe, drogue, viol, violence, perversité et pas de rock n roll. C’est chaud ! J’avais oublié ce côté transgressif dans le cinéma de Clark. Perverse est la vision de l’auteur, tout autant est la prestation des jeunes acteurs, tous excellents. Une réalité avec peu de fard, celle d’une génération sans repères, livrée à elle-même, et qui n’a même pas l’excuse d’être pauvre et non-éduquée, (mais que font les parents ?). Et la caméra colle à l’histoire, à l’action, vulgaire et sublime à la fois, dans une implication totale, on en ressort lessivé, secoué comme un cocotier par temps de pluie. Irresponsables jusqu’au meurtre en bande organisé, amateurs et naïfs dans le meurtre comme dans le sexe. Inconscients comme des sales gosses. La complaisance du réalisateur ferait presque peur, s’il n’y avait une telle lucidité derrière, une lucidité à faire peur. C’est accompagné d’une chaleur, une humanité dans le sens large, car on sent qu’il les aime bien quand même, mais ne les excuse jamais. Un scénario qui pose les éléments du drame dans un déroulé implacable. C’est comme une étude sociologique poussée. Des personnages très forts qui accrochent l’écran, la banalité de la banlieue américaine vue sous un angle différent comme écrasée par la chaleur qui ramollie les cerveaux, et les rend tous abrutis. Le passage de l’innocence à l’âge adulte à la dure, et on finit éclaboussé par la maîtrise de cette mise en scène sobre et brute. Evidemment ce n’est pas à mettre entre toutes les mains, mais c’est trop bon pour se permettre de passer à côté. Pour amateurs avertis, ils vont se régaler.