Le premier album des No Smoking, Das ist Walter, s'est vendu en 1984 à 100.000 exemplaires. Mais en 1986, Nelle Karajilic, le chanteur, se risque lors d'un concert à une plaisanterie sur la mort de Tito : le résultat est immédiat. La tournée du groupe est annulée, les disques retirés des bacs. Le groupe se reforme ensuite fin 1986 et quitte Sarajevo en 1989, juste avant que la guerre n'éclate.
Super 8 stories raconte les raisons pour lesquelles ces musiciens professionnels parviennent à jouer ensemble en accord, à la différence de l'ex-équipe de football de Yougoslavie, qui n'y est jamais parvenue, selon Emir Kusturica. "L'histoire du film devrait être opposée à celle de l'équipe nationale Yougoslave, dans le sens où ces musiciens solistes parviennent à constituer un vrai groupe quand ils sont ensemble." Super 8 stories aborde également la question des motivations des musiciens, qui deviennent des professionnels lorsqu'ils sont réunis. Lorsqu'il s'agit de jouer chacun de son côté ou de parler de leur amour de la musique, ils redeviennent des dilettantes.
Emir Kusturica avait fait découvrir au public la musique unza unza ou punk des Balkans avec son film Chat noir, chat blanc
Le musicien Nelle Karajilic a formé le groupe No Smoking en 1980 dans un esprit d'opposition. Le projet est né dans la complexité liée à la situation bouillonnante de Sarajevo à l'époque. Nelle raconte qu'ils voulaient " être un groupe punk anarchiste", mais en même temps convaincu que " l'universel peut et doit être recherché dans les histoires locales et les racines, et que la musique, même la plus dissonante et révolutionnaire, doit tirer sa force des traditions locales."
Emir Kusturica rejoint les No Smoking en tant que bassiste/guitariste en 1986. A cette époque, le réalisateur a déjà remporté de nombreux prix pour ses films Te souviens-tu de Dolly Bell ? et Papa est en voyage d'affaires. Le batteur des No Smoking, Stribor Kusturica, est le fils du réalisateur.
Le film est divisé en deux parties. Dans un premier temps, Super 8 stories est filmé en super 8 avec des bribes en noir et blanc pour souligner l'aspect documentaire sur la vie privée des musiciens. Dans un deuxième temps, Emir Kusturica a utilisé la DV afin de filmer les entretiens avec les musiciens pendant les voyages du groupe et les concerts en Europe.
Pour le réalisateur Emir Kusturica, les No Smoking sont un peu plus qu'un simple groupe de rock : " c'est un phénomène, ils sont devenus dans les années quatre-vingt une attraction majeure, ils ont changé le langage musical de la scène à Sarajevo et dans le reste de la Yougoslavie. La formation originale du groupe a disparu, les nouveaux No Smoking cherchent leur inspiration dans les traditions profondes des Balkans. Les nouveaux No Smoking sont fondés sur la virtuosité d'instrumentistes solos, qui apportent au groupe des vagues de folk, de jazz et de musique gitane."