Après deux tournages qui n'ont pas été de tous repos, à savoir A.I. et Minority Report, Steven Spielberg, qui n'a jamais été aussi productif qu'en ce début de siècle, se lance un défi plus léger, Catch me if you can où il met à l'écran les mémoires du faussaire Frank Abagnale, Jr.
C'est parfois en faisant simple qu'on parvient à tirer le meilleur de soi-même, et c'est le cas ici pour Spielberg, et ce n'est pas la première fois. Proposant un récit classique, sans être académique, il étale sa course poursuite sur plus de deux heures de pellicules, parvient à trouver un ton léger sans faire dans le vulgaire ou le conventionnel, tout en parvenant à capter l'essence des personnages, et proposer une atmosphère prenante, oscillant entre cool, charmante, sous tension ou même mélancolique.
Si l'on prend un malin plaisir à suivre le jeu du chat et de la sourie entre les deux protagonistes, dont l'alchimie est parfaite, on ne peut qu'apprécier le traitement des seconds rôles par Spielberg, notamment les parents d'Abagnale, principaux ressorts dramatiques du film, comme en témoigne le divorce, ce qui avait d'ailleurs traumatisé le cinéaste lorsqu'il était enfant. Ils parviennent à être authentique, on croit en tous ces personnages, et c'est un réel plaisir que de les suivre et participer à l'avancement de l'histoire.
Le scénario est bien écrit, et la construction du récit efficace, tout comme la maîtrise de Spielberg derrière la caméra qui sait s'appuyer sur ses comédiens, qui le lui rendent bien, surtout Leonardo DiCaprio, Tom Hanks et Christopher Walken. Sans que ce soit l'élément principal, on trouve dans Catch me if you can quelques thématiques, autour de l'individualisme ou de la famille, qui sont intéressantes, alors qu'il n'oublie pas de sublimer le cadre de son époque, sans être dans l'excès propre au cinéma de nos jours, il n'y a pas de nostalgie mal placée, mais juste un charme défiant l'épreuve du temps, et il est bien aidée par John Williams qui signe une remarquable partition.
D'apparence plus légère, Catch me il you can n'en reste pas moins une vraie réussite, une course-poursuite à la fois charmante, sous tension ou encore mélancolique, étant parfaitement bien épaulé par de très bons comédiens et un John Williams, comme toujours ou presque, à la hauteur.