Sa majesté des mouches (1965), drame-aventure de Peter Brook
Ce film est adapté du roman de William Golding : « Lord of the flies », classique de la littérature anglaise que je n’ai pas lu, par Peter Brook que je connais davantage pour son œuvre théâtrale magistrale que cinématographique.
Un long-métrage peut-être plus époustouflant aujourd’hui en Occident, qu’à l’époque.
L’histoire se déroule pendant la seconde guerre mondiale (ou une autre guerre, à une autre époque : le contexte est autant une dystopie qu’une uchronie) et se déroule à hauteur de garçons. Un groupe d’élèves d’une prestigieuse école anglaise (internat non mixte, école privée) se retrouve sur une île en plein océan, après le crash de leur avion. L’île regorge de richesses, le soleil est merveilleux, l’eau délicieuse, le groupe homogène et lucide, les garçons sont mûrs pour leur âge. On reconnaît les valeurs et l’éducation bourgeoise qui leur ont été inculquées. Les personnalités se démarquent assez vite, à travers des gestes (nettoyer ses lunettes), les opinions des uns (mimétisme parental convaincu) et l'attitude des autres (Kyrié eleison des fidèles). Après les constats partagés, il faut faire des choix et agir, en fonction des compétences de chacun. Le groupe configuré en assemblée au son du conche, vote les premières résolutions. Les leaders élus et plébiscités se plient avec intelligence au verdict de ce referendum improvisé sur la plage. La démocratie s’installe. Et puis, il faut chasser. Et puis s’approprier le territoire. Et puis la pluie arrive. Le chant et les peintures guerriers remplacent le refrain et l’aube eucharistiques. La démocratie vacille bientôt au profit du totalitarisme, du populisme, du colonialisme. On rejette les gros, les inutiles et les pacifistes. On n’hésite pas à tuer les faibles et les menaçants (sans arme ni vêtement). On massacre et on fait preuve de négationnisme.
Réduits à l’état sauvage, les garçons se comportent sans état d'âme de manière bestiale. L’inhumanité prévaut face à l’enjeu : leur survie.
C’est cruel.
Comme le film n’est que l’allégorie de la civilisation, on assiste au débarquement libérateur.
Heureusement que la littérature et de cinéma dénoncent le « choc des civilisations ». On peut aussi déplorer que ces formes d’expression continuent d’être nécessaires face à la barbarie, quel que soit le point de vue adopté.