Un ballon qui jaillit du ciel, à la forme ovale et à la vitesse supersonique, venant s'écraser contre la pelouse d'un lycée modeste, quelque part dans l'Ohio. Le cadre est situé, le contexte aussi. Ambiance nineties à souhait, orientée teen movie, dans la bande-son comme chez les acteurs : Josh Hartnett, Elijah Wood, Jordana Brewster, Clea DuVall, Laura Harris et Shawn Hatosy. Un casting exemplaire, des personnages archétypaux mais terriblement efficaces : Le junkie, la star de football, le nerd, la solitaire, la nouvelle.
Si j'accorde d'emblée une importance accrue aux acteurs et à leurs personnages ce n'est pas un hasard. Ce sont vraiment eux qui rythment le film et qui lui confèrent toute son ambiance jouissive. Le réalisateur attache par ailleurs lui aussi beaucoup d'importance à ces jeunes là, puisqu'ils les présentent à la manière d'une série télé (chose assez rare au cinéma) et que la séquence de mise en contexte fait presque penser (puisque ce n'est pas le cas) à un long plan-séquence dévoilant les liens et les rapports qu'ils entretiennent avec leur environnement social.
Quoiqu'il en soit, passé ces premières minutes qui tranchent entre le côté sombre des professeurs et le côté insouciant des étudiants, on se dirige progressivement vers la mise en place de l'intrigue. Ce scénario, dans son déroulement descriptif puis actif fait vraiment naître chez le spectateur une série d'interrogations, de troubles, propre à une atmosphère proche d'un film d'horreur, mais en gardant tout de même ses distances grâce à la souplesse accordée au cadre et aux personnages. La réussite principale de Robert Rodriguez est donc de parvenir à mixer divers genres cinématographgique et à les faire concorder si efficacement qu'ils s'avèrent tous aussi agréables l'un que l'autre.
On alterne donc des mini-séquences d'horreur, avec des passages humoristiques et romantiques. Plus le film avance, plus le spectateur s'habitue et le réalisateur se permet alors de mélanger le tout avec encore plus d'entrain, pour notre plus grand plaisir...
Bercée par une bande-son de premier choix (de Garbage à Creed en passant par The Offspring), l'histoire alterne allégrement entre l'ombre et la lumière, les peurs et les envies, en s'appuyant toujours sur tout ce que le cadre lycéen a à offrir, en termes de décors et de personnages : Un stade de football, un vaste parking, une salle de gym, une piscine... Et on retrouve alors de façon très récurrente les références au regard des Autres, aux troubles individuels etc.
En plus d'être une aventure fantastique structurée de manière très classique, avec son lot de surprises, nous avons aussi une toile de fond, au moins aussi primordiale, centrée sur les personnages. Comme je l'ai évoqué précédemment, ce sont tous des archétypes. Archétypes qui souffrent, de manière plus ou moins visible, d'un malêtre profond. Et cette aventure, au-delà de les faire se connaître d'avantage les uns les autres, les fait se découvrir eux-mêmes, et les changent énormément. Cette double construction est évidemment étroitement liée et jouit d'une multitude de signes et symboles qui s'avèrent plaisants à débusquer.
The Faculty est donc un film complet, qui reste une référence en terme d'ambiance 90's, et qui se dévoile comme une passe parfaite adressée à toute une génération, qui a reçue un véritable cadeau en 1999. Un bijou comme on n'en fera plus, puisque unique dans sa place temporelle. Cependant, ce n'est jamais avec nostalgie qu'on le redécouvre, mais toujours avec cette insouciance juvénile, en accord avec l'univers filmique.