Un Voyage entre amis : les secrets du tournage

Pierre Beccu a rencontré les héros québécois de son film dans un bar. André Aubry faisait la manche en France alors que le Michel Rock allait repartir à Montréal. Intrigué par les deux hommes, amis dans la vie, Pierre Beccu décida d'en faire le sujet d'un film. Il écrivit alors un scénario qu'il envoya à Michel. Le Québécois vint alors en France pour jouer dans le film, mais le retard pris par la production l'incita à rejoindre le spectacle de jonglerie créé par André Aubry, « Tchernodébyl ». Ecumant les concours d'art de rue, le duo remporta plusieurs trophées. La tournée à travers la France des deux amis inspira Pierre Beccu, qui réécrivit son scénario en conséquence.

« Ici, comme on le voit, c'est plutôt la réalité qui s'est inspirée de la fiction. Du vécu, j'ai retenu le point de départ : André jongleur est rejoint par son ami Michel. Je me suis basé sur leur univers propre, mais tout le reste n'est que fiction. Je crois d'ailleurs qu'ils sont autant venus vers moi que moi vers eux. Le film se passe à mi-chemin. J'ai fait pas mal de documentaires, et ça n'a rien à voir. Dans le documentaire, je n'interviens pas sur ce qui se passe et se dit. Là il y a une véritable volonté d'écriture et de préparation. J'ai voulu aller, au-delà de la performance et de l'artifice, à la rencontre de deux personnages-frères. »

Les deux héros d'Un voyage entre amis étant québécois, Pierre Beccu s'est interrogé sur le bien fondé du sous-titrage. Il avoue que « (…) le sous-titrage peut être une solution ». Il s'interroge pourtant («Mais comment choisir ce qui doit être sous-titré et ce qui est compris ? Et pourquoi ne pas sous-titrer aussi les paysans savoyards, les pêcheurs bretons et les employés de bureau bourguignons ?»), avant d'affirmer qu'il se «refuse à ne sous-titrer que les Québécois, parce que ces gens se battent pour parler français, et même si leur accent et leurs expressions sont différents, je trouve un peu méprisante cette mise à l'index.»