Ça parle de quoi ?
Almut et Tobias voient leur vie à jamais bouleversée lorsqu'une rencontre accidentelle les réunit. Une romance profondément émouvante sur les instants qui nous changent, et ceux qui nous construisent.
Un couple idéal
Il y a tant à dire (en bien) sur L'Amour au présent que l'on se sait pas vraiment pas quoi commencer. Partons donc sur le principal argument de vente du film. Celui qui est mis en avant sur les affiches et le plus à même d'attirer le spectateur avant qu'il ne sache ce dont il sera question : son casting. Soient Andrew Garfield et Florence Pugh.
Deux acteurs anglais parmi les plus doués de leurs générations respectives. L'un des Spider-Men de Marvel et la sœur de Black Widow. Des comédiens attachants et nommés aux Oscars (grâce à Tu ne tueras point et Tick, Tick… Boom ! pour lui, Les Filles du Docteur March pour elle), qui ont en commun d'être toujours justes. Séparément ou, comme ici, ensemble.
S'ils n'avaient encore jamais joué ensemble, ils étaient destinés à le faire, tant leur alchimie est évidente. Et ce au bout de quelques instants de ce récit, étendu sur une décennie, qui suit la vie et les obstacles surmontés par un couple au gré d'allers et retours dans le temps. Si l'association de deux talents de cette envergure n'est pas toujours synonyme de succès, L'Amour au présent évite brillamment cet écueil.
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"J’adore Florence", nous répond Andrew Garfield lorsque nous tentons de percer le mystère de cette incroyable alchimie avec lui. "J’ai de la chance qu’elle soit adorable, qu’il soit facile de l’aimer, de prendre soin d’elle et de vouloir qu’elle réussisse. Je pense que notre connexion, ainsi que l’amour que nous avons l’un pour l’autre, le soutien mutuel, l’espièglerie et la confiance sont venus naturellement."
"Nous n’avons pas particulièrement eu besoin de travailler dessus. Nous devions nous le permettre, en étant très attentifs et prudents l’un envers l’autre, ce que nous avons été tous les deux. Je pense que ce respect est la clé qui nous a permis d’aller ensemble vers ces moments de vulnérabilité et de tendresse." Un naturel qui participe à la grande justesse de L'Amour au présent en étant l'un de ses forces.
Juste bouleversant
Amour, travail, maladie, parentalité (plus ou moins) contrariée… Les thèmes abordés par le long métrage peuvent paraître communs, et c'est le cas au premier abord. Mais c'est dans sa manière de s'appuyer dessus qu'il brille et nous émeut régulièrement. Si l'on peut penser à (500) jours ensemble, avec ce nouveau récit morcelé où les séquences font écho les unes aux autres, L'Amour au présent préfère le naturalisme à la fantaisie.
Et c'est ainsi que, même sans avoir vécu ce que vivent les personnages et malgré la présence de deux stars à l'écran, il est difficile de ne pas s'identifier, d'une manière ou d'une autre. Pour les spectateurs comme les acteurs, Andrew Garfield ayant avoué être allé puiser dans les souvenirs de la mort de sa mère, en 2019, pour enfin faire son deuil grâce à ce film.
"J'étais dans un état très contemplatif lorsque j'ai lu le scénario et j'ai eu le sentiment qu'il reflétait parfaitement ce que je vivais au fond de moi", nous dit Andrew Garfield, qui préfère utiliser les mots "soignant" ou "cathartique", plutôt que "thérapeutique", pour décrire les effets du long métrage. "J'aime autant faire fonctionner mon imagination pour créer un personnage que mettre du personnel dans tout ce que je fais."
"J'ai eu le sentiment que le film reflétait parfaitement ce que je vivais au fond de moi"
"Mais ce film m'a paru très personnel et une grande partie de mon processus de travail a été très différent de ce que j'ai pu faire auparavant : j'ai dû m'efforcer de faire un pas de côté, me détendre et me laisser aller en jouant ce personnage. Sans le compliquer à l'excès ou le travailler de manière trop prononcée. Je voulais que cela se fasse sans effort, que ce soit aussi spontané, dans l'instant et vivant que possible."
Et la facilité avec laquelle on peut s'identifier aux personnages de L'Amour au présent (qui, comme son titre original We Live in Time, insiste sur l'importance de vivre l'instant par opposition à une vision à long terme) vient aussi de là. Tout au long de leur carrière, Andrew Garfield et Florence Pugh ont souvent joué des personnages "bigger than life", au destin sortant de l'ordinaire : un super-héros, une princesse de l'espace pour elle, un compositeur génial pour lui…
Ici, ils sont "normaux". Entre guillemets, dans le sens où ce qu'ils vivent et traversent fait partie de notre quotidien, quitte à les rendre plus difficiles à jouer pour leurs interprètes. "Ça a été un vrai changement pour moi", nous dit Andrew Garfield. "Les défis qui se posent sont différents de ceux qui vont avec des personnages plus extravertis et extraordinaires, tels que Desmond Doss [Tu ne tueras point], Jonathan Larson [Tick, Tick… Boom !] ou Peter Parker."
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"En jouant ces personnages, j'éprouve un sentiment de vulnérabilité. Je me demande si j'ai la capacité d'incarner et étoffer ces êtres plus grands que nature. Avec Tobias, le défi est plutôt de savoir si j'ai la capacité d'être aussi ordinaire que possible et de le rendre convaincant. Réel, divertissant et regardable sans chercher à grossir le trait ou à l'embellir. En faisant confiance à la tranquillité de son âme."
Insufflant un peu d'humour dans le drame, pour le rendre un peu plus conforme à la façon dont nous traversons ces obstacles et éviter de se faire trop larmoyant, L'Amour au présent relève presque du tour de force tant le film de John Crowley (qui retrouve Andrew Garfield après l'avoir brillamment révélé dans Boy A) parvient à être juste à tout instant sans trop en faire, alors que la tentation de forcer le trait pourrait être grande, pour mieux nous toucher en plein cœur. Souvent.
Soyez donc prévenus : après le champagne, ce sont vos larmes qui pourraient couler à flots en ce 1er janvier.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 17 décembre 2024
