Le long-métrage Ray revient sur la vie du célèbre crooner Ray Charles. Surnommé "The Genius", ce pionnier du rythm'n' blues et de la soul music, aveugle depuis l'âge de 7 ans, composa quelques-unes des chansons les plus mémorables de la musique noire américaine, dont I got a woman (son premier succès), What'd I say, Georgia on my mind, Unchain my heart ou encore I can't stop loving you. Au cinéma, son timbre de voix rauque a fait merveille sur la bande originale de Dans la chaleur de la nuit, dont il chante le thème principal. A l'écran, il s'est illustré dans Ballad in blue, où il tenait le rôle autobiographique d'un pianiste de jazz. Il est également apparu dans The Blues brothers, le film culte de John Landis. Ray Charles est décédé le 10 juin 2004 à Beverly Hills, en Californie, des suites des complications d'une maladie du foie. Il était âgé de 73 ans.
Taylor Hackford, grand passionné de musique, rêvait depuis longtemps de se pencher sur le destin hors-du-commun de Ray Charles. Ainsi, c'est dès 1987 qu'il acquit les droits d'adaptation à l'écran de la vie du Genius. Il effectua ensuite une série d'entretiens avec l'artiste lui-même, afin de poser les bases du scénario.
Ray a été mis en chantier avec l'accord de Ray Charles lui-même, qui fut un observateur attentif d'une grande partie de la production du film - il insista pour qu'on lui procure le script en braille. Quelques mois avant sa disparition, il déclarait ainsi à propos de Ray : "Taylor Hackford s'est solidement documenté et il a bien couvert ma vie. J'aimerais que les gens comprennent les épreuves que j'ai endurées dans ma jeunesse et toutes les choses qui me sont arrivées au fil des ans. J'ai vécu des choses merveilleuses, mais aussi des expériences dramatiques. Je voudrais que les gens comprennent qu'on peut s'en relever lorsqu'on y met assez de force et de détermination. En d'autres termes : gardez le cap, n'abandonnez pas, même après avoir encaissé des coups."
Le réalisateur Taylor Hackford a cherché, avec Ray, a montrer la complexité du génie qu'était Ray Charles, traitant aussi bien son succès musical que les fêlures de son passé ou ses problèmes avec la drogue et les femmes. Il explique : "Ray Charles a parcouru un fabuleux itinéraire. J'ai cherché dans ce film à représenter la complexité de ce génie, avec ses qualités et ses défauts. Ray possédait un immense courage et un talent exceptionnel, mais sa vie fut hantée par des drames horribles. Nous avons tenté de dépeindre l'évolution d'un artiste au long d'une période culturellement très riche et novatrice. J'espère prouver que Ray Charlesest bien plus qu'un musicien du passé. Il influença une puissante révolution culturelle qui se poursuit aujourd'hui encore."
Pour se glisser dans la peau de Ray Charles de manière confondante, l'acteur Jamie Foxx (L'Enfer du dimanche, Collateral) dut s'approprier la gestuelle très particulière de l'artiste, s'imprégner de soul, de jazz et de blues et, surtout, se "familiariser" avec la cecité de l'artiste. Pour ce faire, il se força, tous les jours du tournage, à garder les yeux clos douze heures de suite, de manière à éprouver toutes les sensations d'un aveugle. Il suivit également des cours à l'Institut Braille. Il raconte : "Au départ, ce fut une source d'intense frustration et même de colère. Puis, j'ai constaté que cela renforçait ma sensibilité acoustique et me faisait percevoir quantité de sons qui échappent au commun des mortels. Le but n'était pas d'imiter Ray Charles, mais de capter, par touches successives, une petite part de sa personnalité, jusqu'à ce que tout le côté physique de l'interprétation soit en place."
Jamie Foxx facilita le choix de la production, puisqu'il pratique le piano depuis l'âge de trois ans, ayant même dirigé une petite formation dans son église texane. Il eut la confirmation que ses aptitudes au piano étaient correctes pour le rôle lorsque Ray Charles lui-même l'invita à jouer en duo un morceau de Thelonious Monk et qu'il applaudit sa performance !
Avec Ray, le réalisateur américain Taylor Hackford (Officier et gentleman, L'Associé du diable) confirme son affection pour l'univers musical. En 1980, son premier long-métrage, intitulé Le Temps du rock'n'roll, se plonge déjà dans les arcanes de ce milieu en s'intéressant au destin du promoteur et producteur de rock Bob Marucci. En 1987, il signe le documentaire Chuck Berry Hail ! Hail ! Rock'n'Roll !, qui revient notamment sur le concert du soixantième anniversaire de Chuck Berry, au Fox Theater de St. Louis. La même année, il persiste et signe en produisant La Bamba.
Ray Charles eut des mots très flatteurs pour Jamie Foxx. Dans une interview donnée peu avant sa disparition, il déclarait : "J'ai peine à mesurer ma chance. Plusieurs personnes après l'avoir vu dans le film m'ont dit : "Ray Charles, ce type est incroyable. Il s'est glissé dans ta peau, il marche comme toi, il fait tout comme toi !" Dès mes premiers contacts avec lui, j'ai su que c'était un homme merveilleux et quelqu'un de phénoménal."
Ray met en vedette des seconds rôles qui incarnent autant de personnages majeurs de l'histoire de la musique noire américaine : les producteurs Ahmet Ertegun et Jerry Wexler, du label Atlantic Records, le producteur et musicien Quincy Jones, le guitariste Gossie McKee ou encore l'imprésario Milt Shaw.
Si Ray vibre évidemment au son des chansons de Ray Charles, il bénéficie également de la partition originale d'un compositeur de renom en la personne de Craig Armstrong (arrangeur de Madonna et Massive Attack, compositeur de la BO de Moulin Rouge).
Avant d'opter pour Ray, la production du long-métrage adopta comme titre de travail Unchain My Heart : The Ray Charles Story, en référence à l'un des morceaux-phares de l'artiste.
Ray a rapporté à Jamie Foxx le Prix du meilleur acteur dans un rôle dramatique aux Golden Globes 2005. Le long-métrage est par ailleurs l'un des principaux animateurs des Oscars 2005, avec six nominations à son compteur : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur, Meilleurs costumes, Meilleur montage et Meilleur son.