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Fryzer
15 abonnés
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4,0
Publiée le 10 septembre 2024
Je vous jure que Alain Delon était l’acteur charismatique qu’il pensait être, encore une œuvre où il livre une performance transcendante, avec à ses côtés Monica Vitti, qui est sublime et m’a hypnotisé. Hâte de faire les deux autres de la trilogie de Antonioni, j’ai beaucoup aimé sa réalisation ici et ce qu’il veut nous dénoncer à travers son art.
Bien que le prix de la mise en scène à Cannes se justifie pleinement par le travail sur le jeu non-verbal, les regards, la portée symbolique de menus détails du décor, l'intellectualisation du propos coupe de toute empathie ou de toute émotion. Les déambulations sentimentales de l'héroïne (lumineuse Monica Vitti) plient sous l'artificialité alors que son deuxième amant semble au moins aussi mal choisi pour elle que le premier - quoi que le charisme d'Alain Delon puisse faire perdre tout sens des réalités - dans une logique psychologique féminine toujours aussi ambiguë voire malsaine chez Antonioni. Au final le récit tourne en rond, réussissant à nous communiquer le vague à l'âme de la protagoniste. Ennuyant...
Plutôt que de répéter ce qu'on parfaitement formulé plusieurs avis, je souhaiterais ajouter que l'on assiste, avec L'eclisse, au début de la métamorphose de Monica Vitti. Que ce soit la scène où elle se grime en africaine pour danser, ou bien la scène ou avec Alain Delon ils miment les couples vus dans la rue quelques heures plus tôt, Monica Vitti démontre sa capacité à s'écarter de l'image qu'avait construit jusqu'alors Antognoni pour elle. Elle est capable d'exubérance et par la suite sa carrière se poursuivra dans ce sens, exubérance dramatique (comme dans certains films sous-estimés comme l'émouvant "Io so' che tu sai che io so'" jamais sorti en France et qui permet pourtant au duo Alberto Sordi Monica Vitti de toucher le sommet de leur complicité) ou exubérance comique. L'eclisse, c'est donc aussi la métamorphose d'une des plus grandes actrices du cinéma, la plus grande à mon sens du cinéma italien, capable de tenir tête aux monstres sacrés que sont Mastroianni, Gassmann, Sordi, Tognazzi et Manfredi.
Je pense honnêtement être passé un peu à côté de ce que film avait à proposer. J'ai tout de même vue des scènes qui valaient le détour. Par ailleurs, je ne suis pas séduit plus que cela. Le film film des sujets qui ne me passionnent pas plus que cela. Le décor de la cité mussolinienne est intéressant, par contre je l'ai aussi trouvé très froid, très quotidien. Ce qui rend les longue séquences contemplatives peu attractives. Donc peut-être que je devrais revoir le film plus-tard. Mais, je suis tout de même sensible à tous les passages concernant la bourse romaine, qui possède quelque chose d'hypnotique de manière indéniable. Après, pour le reste je suis passé à côté. Et je suis responsable de mon propre ennui.
Film d’auteur servi par une photo NB magnifique, en particulier des aménagements urbains modernes, s’attachant à montrer des « instants de vie » tels que l’excellente scène de rupture du début, les copines et le Kenya, la virée en avion, avec une longue séquence à la Bourse, le vol de la voiture, le tout avec une grande finesse mâtinée de philosophie. L’opposition de la rêveuse Monica et du matérialiste Delon ne les empêchera pas de se rapprocher… mais pour combien de temps ?
4 561 abonnés
18 103 critiques
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1,0
Publiée le 2 mars 2021
Dans ce troisième film sur l'ennui et l'aliénation de la société moderne Antonioni atteint de nouveaux sommets en matière d'ennui et d'aliénation de son public. Si Monica Vitti est effectivement une belle et charismatique présence à l'écran la regarder errer sans but pendant plus de deux heures perd rapidement de son attrait. Les étincelles d'intérêt occasionnelles ne mènent nulle part comme dans sa quête pour retrouver le chien perdu. Rien dans cette histoire n'a une grande portée. Car nous comprenons déjà où Antonioni se dirige à partir de la séquence d'ouverture dans laquelle les deux amants s'appellent de façon monosyllabique à l'abandon. Si vous aimez analyser une toile vierge sur un mur ce film vous fournira l'occasion de le faire...
Comme toujours, dans les films d'Antonioni, il ne se passe pas grand chose, mais je reste toujours émerveillé par l'intensité du jeu des acteurs et la composition de certaines scènes.
Les films de Michelangelo Antonioni de ces années 50-60 constituent une sorte d'expérience cinématographique. «L’éclipse» en est un exemple probant : le film est long, lent et peut générer l’ennui du spectateur ; il n’y a pas d’«histoire», mais seulement la description d’une situation. Interprétée de façon évanescente par Monica Vitti, Vittoria est entre deux amours, et, comme pour sa vie toute entière, ne sait pas où elle va. Hormis dans l’atmosphère frénétique de la bourse, qui symbolise le monde matérialiste moderne, qu’elle ne comprend pas et qui lui est étranger (scène inutilement longue), et un tour en avion qui au contraire semble une bouffée d’oxygène, elle erre dans un univers froid et factice. C’est par les images de cet univers que le réalisateur fait ressentir le vide, la solitude et la difficulté de communiquer : loin des images habituelles de Rome, Antonioni nous montre la banlieue, des longues rues désertes, des immeubles en construction, qui deviennent des formes géométriques angoissantes et des traits, des lignes évoquant toutes sortes de frontières. Ce qui préfigure son film suivant, « Le désert rouge ». Les quelques plans des frondaisons frémissantes, rappelant que la nature existe, préfigurant, eux, « Blow up ».
Sur le thème de l'incommunicabilité dans un couple, un film aux images envoûtantes mais beaucoup de temps morts pas bien palpitants, malgré tout sublimé par la présence de la gracieuse Monica Vitti et du jeune et fougueux Alain Delon.
La première séquence mettant en scène les derniers instants d’un couple sur le point de se séparer nous conquis sur le champ. Nous sommes le matin, tout s’est dit durant la nuit, lourds silences, le son et le va-et-vient du ventilateur prend toute la place. Pour Vittoria, il ne reste plus qu’à poser le geste fatal : partir. Belle femme aux traits uniques que lui prête Monica Vitti. Mystérieuse, incomprise, désemparée, rêveuse. La caméra tente de la percer, mais sa beauté créée comme une sorte d’écran qui nous empêche de voir. On a l’impression parfois que la comédienne pose, mais comment pourrait-il en être autrement quand la caméra vous scrute et que le réalisateur est en pâmoison devant vous. Cela n’enlève rien à la force du film. Antonioni bâtit ses personnages sur des contradictions, des passions qui les rendent fragiles, souvent déchirés quand ce n’est pas sur le bord du gouffre. Aux côtés de la muse, Alain Delon est à la fois d’une intensité et d’une vérité étonnante. À l’image, le film est extrêmement soigné. Les cadrages sont minutieusement construits et l’action qui s’y passe également. Les longues séquences se déroulant sur les planchers de la Bourse sont époustouflantes. De voir tout ce beau monde s’agiter dans l’hystérie à l’idée de s’enrichir ou de s’appauvrir est terriblement dérangeant. Ce l’est encore plus pour Vittoria qui souffre du manque d’attention de sa mère noyée dans ses préoccupations financières. Comment pourrait-elle s’abandonner dans les bras d’un courtier. Une seule avenue possible : s’éclipser.
Un très beau film sur le drame d'un amour impossible, dans un pays en pleine effervescence, où les objets les monuments et les lieux semblent bien pus vivants que les personnages et leurs destins.
Delon en jeune chien fou capitaliste , Monica Vitti en héroine romantique a la Flaubert, Antonioni en maitre d’œuvre qui choisit de filmer le désespoir des riches oisifs et qui plongent dans les passions humaines avec fougue mais sans y investir leur âme.
Quoi qu'on en dise, un film de Michelangelo Antonioni, c'est toujours une expérience à part. Soit fascinante. Soit rebutante. Exigeant une énorme patience. Et pour cause, le cinéaste italien semblait avoir pour règle de faire des films tous aussi inaccessibles les uns que les autres. Et cette désormais très fameuse « Eclipse » ne fait pas figure d'exception. Fidèle à son style, le cinéaste italien nous propose une œuvre épurée à l'extrême et au rythme super lent (euphémisme!). S'il est une chose que l'on peut contester, c'est bel et bien la beauté plastique de l'ensemble. A commencer par le noir et blanc. Mais là où ça tape le plus fort, c'est au niveau de la réalisation. Antonioni était un crack pour filmer et réaliser les montages. En témoignent les quelques courtes séquences semblant être filmées du point de vue du personnage de Monica Vitti sur lesquelles le film se termine. Esthétiquement, c'est d'une beauté renversante. Mais hélas, l'esthétique ne fait pas tout. Il faut ne serait-ce qu'un minimum de fond. Et c'est là que ça pose problème. Antonioni ne propose absolument rien. Se terre dans une narration complètement stérile. Parler de l'impossibilité de communication entre les êtres, d'accord, mais en faire un truc aussi vide, c'est quasi fatal. Bien sûr, tout est dans le non-dit. Le spectateur est livré lui-même, doit se débrouiller pour tout déduire. Mais s'il n'y a pas d'enjeu, le jeu n'en vaut pas la chandelle. Dans l'absolu, ça m'aurait intéressé de suivre l'errance de la somptueuse Monica, de suivre sa quête quasi existentielle, mais rien n'en découle. J'avais bien aimé « Profession reporter » tout aussi austère et lent, mais il y avait quelque chose, une base, rapidement reléguée au second plan c'est vrai mais qui offrait tout de même un minimum d'enjeu. Alors que cette « Eclipse », surtout dans ses trois derniers quarts d'heure m'a complètement plombé.