Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
soniadidierkmurgia
1 189 abonnés
4 177 critiques
Suivre son activité
4,5
Publiée le 7 juillet 2024
En 1971, Sidney Lumet est un réalisateur reconnu dont le cinéma n'arrive pas aux yeux des critiques et de l'intelligentsia américaine à se départir d'un certain académisme lié à son goût pour l'adaptation de pièces de théâtre (Reginald Rose, Tennessee Williams, Ray Rigby, Eugene O'Neill ou Anton Tchekhov). Pour beaucoup aujourd'hui "The Offence" est le premier grand film de Lumet. Une telle affirmation gomme des réussites majeures comme "M15 demande protection" ou "Point limite" sans parler de "Douze hommes en colère" son premier film qui le propulsa immédiatement dans le clan des réalisateurs qui comptent. En revanche "The Offence" grâce à l'impulsion de Sean Connery à l'initiative du projet, marquera un tournant dans la carrière du réalisateur qui semble ici franchir un pas dans l'exploration des frontières troubles entre le bien et le mal qui délimitent les deux des grandes fonctions régaliennes qui cimentent les démocraties : justice et police. Sean Connery qui est alors à la fin de sa période James Bond a déjà œuvré six fois dans l'univers de Ian Fleming revu et corrigé par le producteur Albert R.Broccoli, période durant laquelle il a bataillé ferme avec l'United Artists pour avoir la liberté de diversifier ses interprétations. Il accepte donc de tourner "Les diamants sont éternels" à la suite du désistement de George Lazenby son successeur désigné dans le costume de l'agent 007 en imposant au studio le financement de deux films de son choix. Le premier de ces deux films sera "The Offence" tiré d'une pièce particulièrement sombre de John Hopkins qui officiera au scénario. Naturellement Connery se tournera pour la réalisation vers Sidney Lumet avec lequel il avait déjà tourné deux fois auparavant pour des films à forte intensité dramatique ("La colline des hommes perdus", 1965) ou au ton iconoclaste ("Le gang Anderson", 1971). Afin d’imprimer la pellicule du ton cauchemardesque de son film, Lumet ouvre le bal avec une scène filmée au ralenti exposant le chaos qui s'est emparé d'un petit commissariat anglais après qu'un des leurs ait "pété un câble" face à un violeur présumé de petites filles. Sidney Lumet propose une plongée dans la psyché d'un homme détruit pour n'avoir pas su dresser une paroi étanche entre les épreuves endurées lors de ses enquêtes et sa vie privée devenue complètement déstructurée par son incapacité à chasser de son esprit les images sordides qui ont jalonné ses enquêtes et qui sont traduites régulièrement à l'écran via des flashes furtifs mais signifiants. C'est la part d'ombre de chaque homme qui intrigue au plus haut point Lumet qui ne cessera de creuser ce sillon par la suite avec des films de plus en plus incisifs et maîtrisés ("Serpico" en 1973, "Le prince de New York" en 1981, "The verdict" en 1982 ou "Contre-enquête" en 1992), qui se pencheront encore davantage sur le rôle de l'institution dans la bascule mentale qui s'opère chez ceux qui sont en permanence confrontés à la perversité humaine. 'The offence" nous parle de la lutte d'un homme affolé à l'idée d'être contaminé par les images mentales qui l'assaillent. À ce sujet, Lumet distille une ambiguïté qui en plus d'accroître le suspense, plonge le spectateur dans un malaise jamais dissipé jusqu'à la fin du film. Il faut un prodigieux Sean Connery à mille lieux de la suave maîtrise de l'agent 007 pour exprimer la force animale et rustre de cet inspecteur de banlieue en lutte avec ses démons intérieurs que plus rien ne peut apaiser y compris sa femme que dans sa grande confusion il assimile aux malfrats qu'il pourchasse. Véritable force brute, l'acteur écossais est saisissant de vérité, livrant là sans doute l'une de ses plus convaincantes prestations. Il faut saluer son courage et son honnêteté artistique pour oser ainsi défier les studios plutôt que de se satisfaire du succès facile et assuré que lui offrait la franchise "James Bond". Combien ont adopté cette démarche ? Assez peu en vérité. United Artists a très vite senti le danger que constituait "The Offence" pour l'image de sa poule aux œufs d'or en distribuant le film de manière plus que confidentielle malgré son succès critique en Europe. Lumet quant à lui aura su trouver le ton juste pour illustrer l'enfermement mental de cet homme grâce à une photographie aux tons très froids dans une Angleterre sans horizon autre que celui de cette banlieue sinistre et impersonnelle. Assurément "The Offence" a permis à Lumet d'entrevoir les variations qu'il pourra imprimer à ses préoccupations humanistes, libérées des surcharges narratives de ses premiers films. Dans le DVD édité par Wildside Vidéo une très instructive interview de Jean-Baptiste Thoret replace le film dans le contexte de son époque.
The Offence vaut essentiellement pour la performance d'acteur de Sean Connery, il incarne un flic qui va craquer en tabassant un homme supposé être le meurtrier de jeunes filles. Le film est assez lourd, très sombre Sean Connery est totalement imprégné de son personnage. The Offence n'est pas vraiment un polar mais plutôt l'histoire d'un policier qui n'en peut plus de toutes les horreurs humaines qu'il a vues dans son métier. Sean Connery nous montre encore une fois son talent.
Sidney Lumet,malgré son oeuvre pléthorique(40 réalisations en 50 ans!) n'a jamais fait dans la dentelle ou l'amabilité. Spécialiste du polar réaliste,il allait avec ce film longtemps resté inédit,au bout de ses expérimentations formelles. "The Offence"(1971)marque en premier lieu,car il s'agit d'un contre-emploi absolu pour Sean Connery. Parallèlement à son 6ème épisode de James Bond,il jouait dans ce film au parti pris radical,où son personnage,un flic de la sordide banlieue anglaise des années 70,voit ses obsessions et ses traumatismes prendre le dessus sur sa lucidité. Regard lessivé,moustache raide,démarche lasse;l'acteur écossais fait ce qu'il faut pour se rendre antipathique et permet l'installation d'une ambiance à couper au couteau. Ce film parle quand même de viol pédophile,de schizophrénie et tabassage de témoins! Lumet n'a pas peur d'ennuyer avec son dispositif très théâtral,et avec des dialogues trop étalés pour être percutants. En revanche,l'ouverture sur des policiers courant au ralenti dans des couloirs,et la conclusion qui remet en perspective les notions d'innocence et de culpabilité ont de quoi faire frémir.
Un très bon Sean Connery, et ce n'est pas une connerie, qui nous livre une prestation froide fou et violent, loin de l'espion du MI6, au travers de son personnage de policier traumatisé par les nombreuses affaires qu'il a du enquêté et qui lui a laisser des séquelles. Ian Bannen est excellent. Sidney Lumet nous donne un puzzle en guise de long métrage qui se construit petit à petit et nous révèle le dénouement, plutôt écœurant et étonnant. Pas besoin de gros moyen pour faire un très bon film policier, suffit d'avoir du talent.
Lumet, Lumet, génie...Réalisation au scalpel, sujet vertigineux et casse gueule, le maître offrait dès 73 un film d'une ampleur théâtrale de part sa direction d'acteurs (et le jeu des comédiens bien évidemment) et de sa maîtrise du découpage, un film angoissant et remuant. Huis clos multiplicateur, ralentis aux résonnances dissonnantes, Lumet nous assène un upercut filmographique. Dérangeant et troublant ce film interroge les démons intérieurs de chacun et comment les galvaniser de l'extérieur à l'intérieur (ou serait-ce l'inverse)... Un film magistral à voir en salle (bande son importante et omniprésente) sans resortir "claqué" d'une telle déferlante de folie humaine...
Inédit en France, The Offence (1973) sort pour la première fois en France, près de 35 ans d’absence et le voilà enfin sur nos écrans ! Alors pourquoi n’avoir jamais distribué ce film chez nous ? Raison invoquée : ne pas casser l’image de Sean Connery, jusque là, connu en tant que James Bond, le fait de le voir cette fois-ci en flic névrosé, aurait pu en choquer plus d’un ! Un flic enquête sur un violeur de fillette et parvient à mettre la main sur ce qui lui semble être le coupable idéal. Mise en scène dérangeante, musique très typée éléctro, très seventies (à vous en cramer les tympans), Sidney Lumet déstabilise durant près de deux heures les spectateurs. La confrontation entre Sean Connery & Ian Bannen (dans la dernière heure du film) est l’apothéose du film, à la fois virulente, agressive, psychédélique, on en arrive même à ce demander si le psychopathe ne serait pas le policier ! Une réalisation dérangeante et frappante !
Un film passionnant mais d'une noirceur extrême, avec un Sean Connery très inhabituel. Mais j'aurais aimé plus de suspens quant à la nature du personnage principal, même s'il ne s'agit pas d'un thriller. On devine trop vite de quoi il retourne. Les scènes d'interrogatoire sont quand même d'anthologie, voire effrayantes. Le film m'a réellement mise très mal à l'aise. Pour finir sur une note humoristique, ( la seule que j'ai trouvée dans ce film ), l'inspecteur dit à sa femme: " tu es moche ". Elle répond " tu n'es pas un adonis non plus ", c'est Sean Connery. Voilà.
Un certain snobisme cinéphilique aura beau braire au chef-d’œuvre incompris, ce film demeurerait le plus minable des navets si ce n’était par l’interprétation extraordinaire de la pléiade d’acteurs britanniques dont Lumet a eu la bonne idée de s’entourer. La performance de Ian Bannen est magistrale ; celle de Trevor Howard, est comme à l’accoutumée formidable, quoique trop brève. Le rôle de Sean Connery, lui, constitue en soi une ironie du destin. C’est en effet la plus formidable interprétation de l’écossais, où celui-ci peut déployer la palette la plus complète de son art. Aucun rôle par la suite ne lui a apporté cette opportunité. L’inconvénient c’est que la médiocrité navrante du scénario et de la mise en scène interdisent à Connery de revendiquer son bel exploit dans sa filmographie. Lumet sabote une histoire et un personnage au départ assez intéressants. Premièrement en ayant recours à un traitement visuel freudien de fête foraine, ensuite, en adoptant une direction théâtrale peu inspirée, et pour finir, en émasculant le drame de tout suspense. On sait dès le début que c’est l’inspecteur le coupable. Son comportement est parfaitement névrotique. Par contre, le public est frustré de toutes les réponses aux questions posées par l’intrigue : quelles sont les causes originelles de la névrose ? L’institution se rend elle compte que l’inspecteur est Le pédophile compulsif ? S’intéresse t’elle seulement de savoir autre chose que les causes de l’homicide du suspect ? Toute chose à Lumet n’est pas forcément lumineuse…
Cela commence très bien, la grisaille anglaise, le décor est bien planté, Sean Connery dans un rôle assez novateur et risqué pour l'époque d'un flic torturé et très ambigu mais voilà après cet excellent début, Lumet nous inflige trois scènes de huits clos lourdes, théatrales, et extrêmement répétitives. Du psychologisme incroyablement pénible.
Film sombre à l'ambiance malsaine où l'on découvre le vrai talent de Sean Connery dans un rôle qui le transforme. On comprend sa non diffusion à l'époque, surtout en France, étant donné le sujet délicat traité et l'image que Connery fait apparaître. Le film, avec ce fameux huis clos sous tension, est lugubre et oppresse son spectateur ce qui le rendra rédhibitoire pour beaucoup. Tout n'est que suggestion.
En 1973, Sean Connery souhaite se départir progressivement de son image de James Bond et avec l'accord de la ''United Artists'', il produira quelques films qui mettra en évidence son jeu d'acteur. "The Offence" est l'un de ces projets qu'il décidera d'épauler pendant cette année en engageant nul autre que Sidney Lumet à la réalisation qui avait déjà travaillé avec lui sur deux films auparavant. Sidney Lumet, avec son style très théâtral et son expertise dans les huis clos, réussira à faire de ce long métrage un monument psychologique perturbant et d'une efficacité incroyable. "The Offence" raconte l'histoire d'un inspecteur enquêtant sur les viols de plusieurs enfants perpétrés par un pédophile. Une fois qu'un suspect est arrêté, les traumatismes de Johnson durant ses 20 ans de carrière feront surfaces. Pendant l'interrogatoire du présumé pédophile, Johnson craquera sous ses démons intérieurs et battra le suspect qui lui méritera d'être suspendu de ses fonctions. Une enquête sur ses actions se mettra en route et à partir de ce moment, nous entreront dans le mental de Johnson hanté par d'innombrables images sordides qu'il a été témoin durant ses longues années d'inspecteur. Sidney Lumet offre l'une de ses meilleures oeuvres et assurément son travail le plus sombre car, "The Offence" est l'un des films les plus noirs de l'histoire du cinéma et probablement le plus réussit dans son approche psychologique et dérangeant. La mise en scène grandiose ajoute à la psychologie par son inventivité, soient avec son ralenti à l'introduction, son désordre chronologique ou la vision circulaire de Johnson exprimant son déséquilibre mental et sa pensée brouillée. Tout cela crée une atmosphère oppressante agrémentée par un malaise du sujet traité et l'ambiguïté des désirs de l'inspecteur. La scène de l'interrogatoire est mémorable en laissant planer ce doute sur les réels désirs de Johnson car, le film expose intelligemment la bivalence de la nature humaine. Sean Connery livre ici la meilleure performance de sa carrière, il est tout simplement magistral et d'une justesse surprenante pour un rôle aussi complexe. Malheureusement, "The Offence" sera banni dans plusieurs pays et sortira seulement dans quelques salles à cause de sa noirceur, son sujet et l'image puritaine de Connery. Le film paraîtra seulement 35 ans plus tard, notamment en France et recevra finalement tous les éloges qu'il mérite. Un incontournable de l'histoire du cinéma et une autre merveille des années '70. 5/5
Une des grande réussite de Sidney Lumet malgré qu’il n’est pas été soutenu par ses producteurs et qu’il fut un échec commercial. Une nouvelle fois on voit l’art de rendre passionnant un film posé, sans grand mouvement mais d’une acuité impressionnante. A travers l’histoire de ce vieux flics torturé par les souvenirs d’une vingtaine d’années à voir des crimes plus sordides les uns que les autres et qui se retrouve à « interroger » un pedophile, on se retrouve face à une radiographie de l’âme humaine et des vices et côtés sombres qu’elle voudrait se cacher. Dans le premier rôle Sean Connery est impressionnant livrant une prestation à la fois très physique et ambiguë qui correspond parfaitement à ce que le film décrit. Un film aussi froid et déprimant qu’une banlieue ouvrière anglaise qu’il décrit dans son ouverture, mais un grand film d’une précision chirurgicale.