Piece by Piece a la particularité de retracer le parcours du musicien et artiste Pharrell Williams en étant entièrement animé en Lego. Cela faisait longtemps que l'agent de Williams lui soumettait l'idée de consacrer un documentaire sur sa vie mais Williams voulait sortir des sentiers battus et offrir au public une expérience inédite. Il se souvient avoir répondu à son agent : ""OK, à la seule condition qu’on n’utilise pas les images qu’on tournera, seulement l’audio. Visuellement, l’intégralité du film sera animée et sous forme de LEGO". Mon agent m’a dit : ‘‘tu es complètement fou’’".
Piece by Piece est réalisé par Morgan Neville, Oscarisé pour 20 Feet from Stardom, documentaire consacré à ces voix de l'ombre que sont les choristes. On lui doit également des documentaires sur des musiciens (Johnny Cash, Keith Richards, Mark Ronson) et des personnalités publiques (Anthony Bourdain, Bill Gates).
Au sujet de Piece by Piece, il explique : "J’ai beaucoup travaillé en documentaire sur l’art et le design (Abstract : The Art Of Design, 2017) mais la forme LEGO s’est tout de suite imposée parce qu’il s’agit d’éléments basiques, simples et communs qu’il suffit d’emboîter pour créer des univers entiers. C’est une véritable métaphore de tout ce qui se passe dans le film. Ce n’est donc pas juste une lubie, mais quelque chose qui fait totalement écho à ce que raconte le film".
Issu du documentaire, Morgan Neville a été confronté à un processus totalement nouveau avec l'animation : "Le documentaire et l’animation requièrent des réflexes totalement opposés. L’animation relève du domaine de l’imaginaire, où vous êtes seul maître à bord. Avec le documentaire, vous vous heurtez sans cesse aux limites que vous imposent la réalité. Vous ne pouvez pas toujours décider de l’apparence de la pièce dans laquelle vous entrez. Vous ne pouvez pas décider de la couleur des murs. Vous ne pouvez pas décider de la façon dont quelqu’un se déplace. Ce genre de manque de contrôle, inhérent au cinéma documentaire, appliqué à l’animation a généré des contraintes vraiment intéressantes tout au long du projet."
Il a fallu un certain temps à Morgan Neville pour trouver le fil de l'histoire et la bonne manière d'aborder le parcours de Pharrell Williams. En recueillant des témoignages du musicien et de son entourage, il a décidé de se concentrer sur son combat pour faire accepter sa singularité, ainsi que sur le pouvoir de la créativité et la capacité à trouver et conserver l’inspiration à travers sa différence. Il raconte : "Pharrell était un enfant à part qui voyait le monde différemment, il s’intéressait à l’espace et à l’eau, il pouvait voir les sons, et personne ne l’a compris pendant très, très longtemps".
Le réalisateur ne voulait pas se contenter de réaliser un documentaire standard avec des interviews en plans fixes qui seraient reproduites en version animée. En commençant les premiers montages de ses interviews, il a eu l’idée d’établir trois niveaux de narration différents qui transporteraient le spectateur dans l’esprit et la sensibilité de Pharrell Williams.
Le premier niveau consiste en une reconstitution animée en Lego d'images d'archives (y compris les erreurs de tournage comme une caméra qui ne fait pas le point ou une perche qui apparaît dans le champ). Les deux autres niveaux sont constitués par la transposition des moments clés de l’histoire de l’artiste. Morgan Neville détaille : "Le deuxième niveau est celui du narrateur qui raconte ses souvenirs, une matière très cinématographique. Le troisième niveau, celui de la partie fantasmagorique induite par la musique. Dès qu’on entend de la musique les règles qui régissent la normalité commencent soudainement à diverger. C’est vraiment la musique qui déclenche la dimension fantasmagorique du film".
Après avoir rassemblé la plupart des images de ses interviews, Morgan Neville et son équipe ont réalisé ce qu’il appelle un ‘‘radio montage’’ du film, combinant les images documentaires, les storyboards, les séquences musicales et des scènes qui illustreraient les différentes anecdotes. Howard Baker, le directeur de l’animation du film, et la société d’animation Pure Imagination Studios ont été chargés ensemble d’élaborer les storyboards et de superviser l’animation.
"Il était important pour nous de reconstituer un monde à part entière en LEGO, pas seulement un monde irréel", note le directeur de l’animation. L’équipe d’animation a fait de nombreuses recherches pour reconstituer avec précision les lieux, les costumes et les différentes périodes de la vie de Pharrell Williams. Ils ont d’abord construit des versions en 3D de tous les décors et des personnages qui apparaîtraient dans le film. Après cette première étape, ils ont commencé le processus de création et d’animation des prises de vue réelles qui émailleraient le film.