Soderbergh croit de plus en plus en son génie, c'est clair. Génie qui nous éclabousse, depuis longtemps (35 ans), et encore dernièrement avec Presence. Quant à The Insider...
L'esthétique des images, la corde pincée d'une contrebasse comme accompagnement musical, l'enchaînement des bons mots, des dialogues ciselés (on croirait entendre des IA bavarder)... Tout est beau à voir et à entendre, comme cette simple barque en bois qui glisse hors de son vieil hangar en bois, silencieusement, pour aller à la pêche.
Ces soins contrastent avec le contenu du film, lequel fait curieusement réfléchir sur la cruauté du monde, comme si le monde s'était bâti sur elle (c'est peut-être vrai). Dans ce film, elle est soignée, presque bichonnée, à l'image de ce ponte du renseignement dans un resto, déjeunant d'un gros poisson qui bouge encore dans son assiette (ikizukuri japonais).
Soderbergh nous en met plein la vue et plein les oreilles. Mais on n'est pas sûr qu'il ait voulu envoyer le moindre message. Tout simplement parce qu'on ne comprend rien de la première à la dernière minute du film. C'est ficelé, agréable, mais on pige que dalle. Soderbergh croit tellement en son génie qu'il en arrive à se moquer totalement du voyeur (le spectateur).
On ne comprend même pas pourquoi ce titre Black Bag (c'est d'ailleurs distribué en France sous un titre plus explicite, même si c'est en anglais).
A.G.