Sarah Bernhardt, la Divine a été présenté comme film de clôture lors du dernier Festival du Film Francophone d’Angoulême, en septembre 2024.
Si Guillaume Nicloux connaissait mal Sarah Bernhardt avant de s’atteler au projet, sa scénariste, Nathalie Leuthreau, était très admirative de l’actrice et a transmis cette passion au réalisateur.
Sarah Bernhardt, la Divine est le premier véritable long-métrage en France qui soit consacré à la comédienne. Un fait étrange compte tenu de sa notoriété et de son statut de mythe. D'autant que sa vie n'a pas non plus suscité l'engouement Outre-Atlantique, puisque seul le cinéaste Richard Fleischer s’est emparé de sa vie en 1976 dans son film, The Incredible Sarah.
Sarah Bernhardt, la divine, n’est pas un biopic traditionnel sur la vie de l’actrice, mais retrace des moments charnières de sa carrière, sur 30 ans, comme l’explique Guillaume Nicloux : "Nous avons progressivement dégagé deux axes parmi la folie et le tourbillon que fut sa vie : la journée de son jubilée et l’amputation de sa jambe. Pour s’atteler à ce 'monstre sacré', nous avons rapidement éliminé l’obligation du biopic réaliste et du récit totalisant. Paradoxalement, les deux moments clé que l’on a choisis sont peu documentés."
C’est en allant voir avec Guillaume Nicloux l’exposition consacrée à Sarah Bernhardt au Petit Palais que Sandrine Kiberlain a compris l’ampleur de ce qu’incarnait "La Divine".
Ce n’est pas la première fois que Sandrine Kiberlain se glisse sous les traits d’une artiste. Il y a onze ans, dans le film Violette de Martin Provost avec Emmanuelle Devos, elle campait Simone de Beauvoir.
Sandrine Kiberlain a accepté le rôle avec enthousiasme le jour-même de l’envoi du scénario. Guillaume Nicloux, qui venait tout juste de terminer la première version et qui avait en tête l’actrice, a reçu un appel de sa part à 23h.
Laurent Lafitte incarne Lucien Guitry, un acteur des années 1890 et père de Sacha avec qui Sarah Bernhardt aurait vécu une grande passion amoureuse. Fait amusant : si les amants avaient seize ans de différence — l’actrice étant plus âgée que lui — dans la vie, Laurent Lafitte et Sandrine Kiberlain n’ont que… 5 ans d’écart !
D’après les nombreux documents d’archives, Sarah Bernhardt avait une manière très particulière de jouer, qui suscitait l’engouement à l’époque, mais qui aujourd’hui peut paraître exagérée. C’est la raison pour laquelle Guillaume Nicloux n’a pas souhaité que Sandrine Kiberlain imite son jeu, comme il le raconte : "Il fallait réinventer Sarah de manière à ce qu’on comprenne pourquoi elle fascinait autant, pourquoi le public était bouleversé, pourquoi des femmes et des hommes s’évanouissaient dans la salle. Pour asseoir un jeu intériorisé, on a donc commencé par une scène d’agonie, elle les adorait, où l’on peut se laisser prendre au leurre, pour installer définitivement l’engagement qu’elle mettait dans ses rôles."
Les éléments anachroniques émaillent volontairement le long-métrage de Guillaume Nicloux. Ainsi, dans l’appartement de Sarah Bernhardt se trouvent des tableaux de Monet ou Munch qui, à l’époque, n’ont pas été encore peints. De même, la majorité des lieux dans lesquels elle se rend possèdent l’électricité, peu répandue en 1885. Il s’explique d’ailleurs sur ce manque de véracité historique : "Je comprends que certains cinéastes travaillent dans le cadre strict d’une vérité historique mais ce n’est pas ce qui m’obsède. Le cinéma n’a pas l’obligation d’authenticité et l’exactitude des faits ne renforce pas toujours l’empathie ou l’émotion."
Pour camper Louise Abéma, la meilleure amie-amante de Sarah Bernhardt, Guillaume Nicloux a choisi Amira Casar, à qui il a donné un conseil original. Pour ressentir la douleur secrète et réservée de la jeune femme, il lui a suggéré de penser au jeu de … Brad Pitt !
En amont du tournage, Sandrine Kiberlain a lu plusieurs biographies et les mémoires de Sarah Bernhardt. Ensuite, elle a travaillé avec une répétitrice pendant trois mois pour la première fois de sa carrière, afin de connaître le texte "comme si c’était [sa] propre langue". L’actrice confie à ce sujet : "Il fallait complètement l’assimiler, car Sarah Bernhardt va très vite dans sa façon de s’exprimer. Impossible d’être hésitante et de prononcer un mot pour un autre. On débutait le tournage en janvier, je m’y suis mise en octobre, comme on apprend une pièce de théâtre, par des lectures à la table, qui devaient s’inscrire dans mon cerveau. Et peu à peu, en apprenant, Sarah arrivait."
Sandrine Kiberlain a mis longtemps avant d’accepter de voir le film terminé de Guillaume Nicloux, car elle avait peur de voir à l’écran la manière dont elle s’était emportée pour incarner la comédienne.
La distribution de Sarah Bernhardt, La Divine compte pas moins de quatre acteurs issus de la Comédie-Française : Laurent Stocker, Clément Hervieu-Léger, Sébastien Pouderoux et Laurent Lafitte (même s’il l’a quitté en mai 2024 après douze ans comme pensionnaire). Un fait amusant, quand on sait que Sarah Bernhardt a intégré l’institution en 1862 à l’âge de 18 ans, avant de claquer la porte suite à une violente dispute avec une autre actrice, Zaïre-Nathalie Martel. Elle sera rappelée par La Comédie-Française plus tard, dans les années 1870.
Alors que le long-métrage est présenté en avant-première à Alès, l’association de défense des animaux Paz a critiqué l’utilisation d’un lynx et d’un serpent dans le film, qui seraient "soumis à des conditions de vie incompatibles avec leurs besoins naturels en termes d’espace, de stimulation physique, et d’interactions sociales", selon l’association.