Aussi sympathique soit-il, "Les Aventures de Bernard et Bianca" (sorti en 1977) ne fait pas partie des grands classiques indémodables de Disney. La sortie d’une suite près de 15 ans après, sur grand écran de surcroit (Disney n’avait pas encore succombé à l’insupportable reflexe de la suite direct-to-video), a, donc de quoi surprendre… surtout qu’il s’agit d’une première du studio, de sorte qu’on pouvait imaginer que le choix se porterait sur un autre long-métrage. Je me souviens, pour autant, avoir été enthousiasmé gamin, lors de sa sortie à l’idée de voir le duo arpentait l’Australie. Et, il faut reconnaître qu’il s’agit d’un des atouts du film qui, malgré un scénario assez similaire au premier opus dans sa construction (Bernard et Bianca volent au secours d’un enfant malmené par un adulte), a su se renouveler sur un plan formel en proposant des paysages plus colorés (et dépaysant) et un ton moins mélancolique. Le film utilise, d’ailleurs, des images de synthèse (ce qui se voit d’ailleurs), ce qui confirme sa volonté du studio de rattraper son retard et de mettre un terme à sa traversée du désert (ce qu’il a fait, un n plus tôt, grâce à "La Petite Sirène" qui a amorcé son second âge d’or). Bernard et Bianca aux pays des kangourous s’inscrit, du reste, parfaitement dans son époque en mettant en avant le goût pour l’aventure et l’exotisme, retrouvé par le public depuis "Indiana Jones" et autres "Goonies"… Le fait de se retrouver en compagnie d’un gamin débrouillard en plaine Outback australien était, donc, plutôt fun lors de sa sortie… mais n’a pas été récompensé, le film s’étant planté au box-office. C’est un peu injuste car, il est, objectivement, plutôt réussi et use des recettes habituelles qui ont fait leur preuve dans le passé. On retrouve, ainsi, un casting vocal de qualité (Roger Carel et Béatrice Delfe qui rempilent, Emmanuel Jacomy, André Valmy…), un méchant très méchant (McLeach, caricature du braconnier australien bas du front), des personnages secondaires efficaces (l’albatros Wilbur qui a bien des malheurs, le lézard flippé Franck, le varan Joanna avide d’oeufs…) et un message écolo plutôt avant-gardiste pour l’époque. Quant au duo vedette, il n’a pas changé, avec un Bernard toujours aussi timide et une Bianca toujours aussi féminine. Le film n’est pas exempt de tout reproche, cependant. Tout d’abord, le scénario n’est pas d’une richesse époustouflante et aurait gagner à être un peu plus écrit. Il faut dire qu’il s’agit d’un des premiers Disney à ne pas bénéficier de chansons (comme le premier opus dans une moindre mesure, puisque les chansons n’étaient pas chantées par les personnages) ce qui change considérablement la donne et aurait dû contraindre les scénaristes à être plus rigoureux. On pourra toujours se contenter des séquences plus mécaniques dans leur construction mais qui fonctionnent bien, comme la scène très inventive où Joanna veut s’emparer des œufs de McLeach ou l’intervention médicale sur ce pauvre Wilbur. Autre problème : le gamin Cody a beau être intrépide, il reste moins intéressant que l’épatante Penny du premier opus. Quant à ce brave Jack, le guide local au look tellement fun, il n’est pas à la hauteur des espérances placées en lui et s’éteint trop vite au profit de Bernard dans le triangle amoureux amorcé. "Bernard et Bianca au pays des kangourous" est, donc, une suite sympathique, au niveau de son prédécesseur mais qui n’est pas suffisante pour marquer l’histoire du studio.