Ce film a été présenté à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2023.
Avec Va, Toto !, Pierre Creton avait commencé à explorer l’idée que "chacun se raconte des histoires. La voix avec laquelle on raconte ces histoires, et parfois sa propre histoire, n’est pas la même que notre voix physique. J’ai eu envie de creuser cette idée pour Un Prince." Initialement, le film s’ouvrait également par le récit de Françoise Brown mais avec une autre situation : elle était en voiture et cherchait Kutta, qui avait disparu.
Si Kutta est le personnage principal d'Un Prince, il n'en est pourtant pas le narrateur. Le réalisateur explique : "son existence est incertaine, il reste longtemps une figure absente. C’était un pari risqué qui explique peut-être le fait que nous n’ayons pas été soutenus par les institutions. À cet égard, si dans Va, Toto !, des récits biographiques tendent vers le romanesque, pour Un Prince, il s’agit davantage d’une voie clairement fictionnelle. Je pourrais même ajouter qu’Un Prince est mon premier film de fiction."
Né en 1966, Pierre Creton a fait ses études à l’École des Beaux-Arts du Havre. Il devient ensuite ouvrier agricole, ses divers emplois comme apiculteur ou vacher l’ont mené à réaliser des films sur le rapport maître/esclave ou sur les relations que nous entretenons avec l’animal. Il vit et travaille en Normandie dans le Pays de Caux, territoire qu’il ne cesse d’appréhender et de filmer. En parallèle de sa carrière de réalisateur, il est depuis 2020 travailleur indépendant comme jardinier de la Maison Lambert.
À l’exception de Françoise Lebrun et Evelyne Didi, le casting est composé d'acteurs non professionnels. La plupart d'entre eux sont des clients de Pierre Creton, dont il entretient le jardin. "Ils n’ont pas tous lu le scénario mais ont vu mes films précédents. Mon partage avec eux tient davantage à l’amitié qu’au voisinage", explique le réalisateur.
La musique d'Un Prince est signée Jozef van Wissem. Ce musicien néerlandais, joueur de luth, a sorti plusieurs albums avec Jim Jarmusch, pour lequel il a également composé la bande-originale de Only Lovers Left Alive. Pierre Creton a rencontré Jozef van Wissem après un concert : "Les concerts de Jozef sont intimistes et nocturnes, souvent dans des lieux religieux, églises ou temples. [...] J’avais suggéré à Jozef quelque chose entre amour courtois et sadomasochisme, ce qui est assez proche de son univers."