Ancré dans le microcosme de l’université de Puan, El Profesor explore les fractures intellectuelles, sociales et politiques d’une Argentine en crise.
Marcelo, professeur de philosophie discret et désenchanté, affronte Rafael, un ancien camarade revenu d’exil, flamboyant et opportuniste, pour un poste prestigieux. Leur rivalité transcende l’individu, opposant deux visions du monde : d’un côté, l’idéaliste épuisé par les contradictions de son époque, de l’autre, le pragmatique qui manipule le système avec une aisance cynique.
Dans ce récit à la mise en scène naturaliste et dépouillée, la lenteur apparente se révèle à double tranchant : si elle offre au spectateur le temps de s'immerger dans la chute des idéaux et la vacuité des luttes de pouvoir, elle risque, et cela l'a été pour moi, d’en diluer l’intensité. Les dialogues, richement parsemés de références philosophiques, oscillent entre profondeur et didactisme, confrontant avec pertinence la grandeur des idées avec leur mise en action.
En filigrane, El Profesor interroge sur les rêves érodés, sur la tension entre fidélité à soi-même et nécessité de s’adapter, et, surtout, sur une époque où les mots de la philosophie peinent à dialoguer avec la réalité.