« El Profesor »
L’histoire se déroule à “Puan” (Buenos Aires), l’une des plus importantes université d’Amérique latine. Un éminent professeur de philosophie meurt d’une crise cardiaque en faisant son footing. Il était le mentor de Marcelo (Marcelo Subiotto), notre antihéros, un philosophe modeste, la cinquantaine qui n’aime pas se mettre en avant. Marcelo, tout naturellement, se voit proposé de postuler à la chaire de son maître et ami du département de philo de Puan. Or un autre postulant, Rafael (Leonardo Sbaraglia), plus charismatique, brillant, frimeur, qui enseigne en Allemagne, se présente aussi à ce poste important.
Le film se concentre sur l’histoire du duo de professeurs, l'idéaliste malchanceux, et le triomphateur cynique, sur cette génération de cinquantenaires qui a voulu changer le monde mais qu'au lieu de cela, le monde a changés. Voilà pour le pitch.
Maria Alché et Benjamín Naishtat, scénaristes et réalisateurs de ce long-métrage, brossent le portrait de « El profesor », Marcelo, une belle personne, humble, travailleur, insensible aux honneurs qui est en résonnance à plus grande échelle à l’Argentine d’aujourd’hui, ou plutôt celle qui a précédé l’élection du président populiste et ultralibéraliste actuel, Javier Milei :
• un pays considérablement appauvri, où les fonctionnaires ne sont pas ou rarement payés, mais qui continuent de se battre pour enseigner, pour transmettre le savoir, en accumulant parfois des jobs annexes pour survivre !
Ecrit avec beaucoup d’humour comme un cadavre exquis où chaque scène en déclenche une autre, ce récit provoque à la fois rire et émotion.
Par une mise en scène très soignée avec les fermetures des « chapitres » à l’iris, ce clin d’œil adressé, à nous spectateurs à travers l’œilleton de la caméra est là pour nous rappeler non seulement les débuts du cinéma mais aussi le tragi-comique de l’existence humaine que vivent les Argentin(e)s aujourd’hui si bien décrit dans le cinéma de Chaplin ou de Buster Keaton.
Les personnages affrontent une réalité incertaine où plus rien n’est comme avant. Marcelo doit se réinventer, renoncer à des convictions et des schémas de pensée obsolètes mais dans le
même temps, revenir au point de départ :
• la transmission du patrimoine culturel et historique qui permet d’avoir un regard critique sur la réalité.
C’est en cela que ce film est une forme d’outil de résistance. Et malgré un pays au bord du gouffre, ce film est rempli d’optimisme et d’espoir !
Note Allociné : 3.7/5