Franssou Prenant est une réalisatrice, scénariste, monteuse, actrice et opératrice qui est née le 8 novembre 1952 à Paris. C’est à la cinémathèque d’Alger qu’elle a découvert les grands westerns et le cinéma soviétique, dont l’influence sur elle est telle qu’elle dit encore aujourd’hui « monter les films à la russe ». Après des études à l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC, ancêtre de la FEMIS), elle interprète en 1974 une jeune indienne dans Touche pas à la femme blanche de Marco Ferreri.
Son premier court métrage est sorti en 1975 sous le titre Paradis perdu. En 1977 elle est scripte sur Le Diable probablement de Robert Bresson. Elle monte les films de Jacques Kébadian (Histoire d’une sculpture, Apsaras, D’une brousse l’autre). Elle sera également monteuse – et même interprète – de Raymond Depardon (Faits divers, documentaire pour lequel elle est nommée au César du Meilleur montage, Empty Quarter) et de Romain Goupil (Mourir à trente ans, Lettre pour L, Paris est à nous).
En 1987, Franssou Prenant réalise en Super-8 L’Escale de Guinée, chronique d’un exil volontaire dans un pays resté longtemps fermé sous la présidence de Sékou Touré. En 1999, sort Paris, mon petit corps est bien las de ce grand monde, son unique long métrage de fiction à ce jour. En 2001, dans Sous le ciel lumineux de son pays natal, trois femmes exilées en France durant la guerre du Liban, évoquent leurs souvenirs et leurs espoirs, sur des images de la ville de Beyrouth entre ruine et reconstruction.
Ses films ont été sélectionnés dans de nombreux festivals, en France et à l’étranger : IndieLisboa (Portugal), la Viennale (Autriche), l’IFFR (Pays-Bas), EntreVues – Festival du film de Belfort, Côté court, Visions du Réel (Suisse)... Son dernier film, De la conquête, a été sélectionné en 2022 aux Rencontres du cinéma documentaire de Montreuil, aux États généraux du film documentaire de Lussas et au FIDMarseille.
"La conjonction et l’agencement d’images contemporaines de l’Algérie et de Paris, avec des textes d’acteurs multiples de la conquête de ce pays par la France à partir de 1830, me permet de rendre visible et audible, manifeste j’espère, cette conquête qui a mené à la destruction d’une partie de la population de l’Algérie, de sa culture et de sa civilisation. De 1830 à 1848, les dires et écrits de personnages plus ou moins illustres (et illustrés) de la France du xixe sont confrontés à des images récentes de ces deux pays, deux mondes."
Sa cause motrice, la liberté inconditionnelle, commence par s’affirmer dans le champ des sexualités (Paradis perdu, 1975, Habibi, 1983), puis se déploie sur trois continents (Europe, Afrique, Asie) avec une prédilection manifeste pour ce que la génération précédente avait nommé « tiers-monde », dont elle recueille les éclats et soubresauts une fois les empires écroulés.
Guinée, Syrie, Liban, Algérie, sous ses yeux insatiables scintillent les océans, s’engouffrent les visages et les fantômes, advient le prodige des rencontres : même cadré par ces innombrables fenêtres que les films prennent soin de mettre en évidence, le monde entier semble sans frontières, un royaume cinétique où les habitants se relèvent d’une catastrophe en s’ébrouant pour dissiper la mélancolie.
Fictions comme documentaires, les films de Franssou Prenant exposent des fables de la vision, d’une vision qui embrasse au même titre le passé et l’immédiat.