(...) En soi, le film est hyper intéressant, développant en creux quelques thèmes intéressants.Il y a déjà celui de la foule meurtrière. Toute la montée en puissance de la rumeur, ainsi que de l'échauffement des pulsions, est absolument magistrale. Au détour d'une séquence géniale, Lang montre donc comment, avant l'apparition des réseaux sociaux, on pouvait communiquer une information, qui se dégrade peu à peu, au fur et à mesure des transmissions et surtout, des transmetteurs (une commère qui cherche à se faire mousser alors qu'elle ne sait rien, des données erronées qui circulent). Le sommet de l'ironie est atteinte quand les habitants interrogent le malheureux adjoint du shérif, point de départ involontaire de la rumeur. Ce dernier dit alors la vérité, avant de se faire traiter de menteur par les habitants, lui répliquant que, eux, savent très bien de quoi il en retourne. Ahurissant, et terriblement authentique. Une fois la foule lâchée, le film vire alors au thriller intense, avec le pauvre Joe qui entend alors les habitants réclamés sa tête. Tandis que le shérif exhorte ses concitoyens (et électeurs, une donnée bien exploitée par quelques dialogues du film) à renter chez eux, on assiste à un moment hallucinant, celui où une femme vient dire à son mari que s'il persiste à protéger un meurtrier, elle le quittera ! Puis vient l'escalade de la violence, avec en toile de fond l'incompétence et le manque de discernement des politiques (un sujet malheureusement trop peu traité par le film). Le procès se révélera lui aussi un bien beau morceau de bravoure, avec quelques scènes épiques ainsi que les inévitables retournements de situation. Témoin et malgré tout acteur du procès de ses "meurtriers", Joe manipule donc l'issue des débats. Effondrée, la pauvre Katherine se bat quant à elle pour faire vivre sa douleur, un moment poignant, jouée à la perfection par l'actrice Silvia Sydney lors de sa comparution face à l'avocat de la défense. Il reste pour moi une petite faute de goût, c'est le passage où un film d'actualité est apporté comme preuve d'inculpation des prévenus, ce dernier ayant un montage bien trop cinématographique et trop peu réaliste pour être un reportage d'actualité censé être pris sur le vif. Visuellement, la patte de Lang est bien visible, avec notamment tout ce que son style expressionniste peut apporter aux cadrages et aux éclairages. On a ainsi droit à des visages bien découpés par les ombres, ces dernières apportant un certain cachet à certaines images fortes du film. Et puis, il y a le formidable plan où Joe est "hanté" par son acte, avec les quelques visages en surimpression qui l'entourent. Un plan qui vaut mille mots et qui résume parfaitement l'état émotionnel et psychologique du personnage. La critique complète sur thisismymovies.over-blog.com