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Charlotte28
124 abonnés
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4,0
Publiée le 4 juin 2024
En questionnant notre part de bestialité inhérente, notre besoin de châtier le potentiel coupable, notre appétence pour une justice immanente, à travers le lynchage odieux d'un suspect, ce thriller lance un cri d'alarme en plein nazisme en appelant à la précaution, à la raison, à l'humanité - sans pathos! Très efficace par sa mise en scène de la prolifération des rumeurs, de la foule funeste aveuglée par une haine irrationnelle, de la conscience morale réactivée, la narration illustre la dangerosité de notre espèce et de ses violents instincts. Même si le scénario use de quelques facilités l'ensemble convainc profondément, aidé par la saisissante interprétation de Spencer Tracy. Furieusement réussi!
Trop fort ce premier Fritz Lang chez nos amis ricains ! Par cette satire sociale, en apparence assez conventionnellement traitée, du point de vue de la mise en scène, le maître dénonce avec une finesse inouïe de nombreux travers de la société américaine. A commencer par l’hypocrisie religieuse ambiante, capable de freiner toute tentative d’ouverture, même dans l’éducation, et capable aussi d’apporter la sérénité collective, même en ayant commis les pires actes (ex : les accusés et leur famille avant et pendant le procès). Est évoquée aussi l’intransigeance des américains vis-à-vis des étrangers et leur complaisance vis-à-vis d’eux-mêmes s’agissant de l’ignorance de leurs propres institutions (ex : répliques de Mr Svan, le coiffeur scandinave, au sujet de la constitution américaine). Le cynisme des politiques n’est pas occulté (usage courant de briseurs de grèves, fréquent recours à la méthode du pourrissement de situation, etc…). Le coeur de la critique, le lynchage, est dénoncé lui, sous tous ses aspects. Dans le film, l’histoire, en effet, ne concerne que des blancs, dont beaucoup furent victimes de ces pratiques, mais la courte scène du passant noir qui détale en voyant la populace menaçante déchaînée, ne passe inaperçue à aucun spectateur qui ne peut ignorer que ces pratiques ont causé la mort atroce de plusieurs centaines de milliers de noirs du sud et perduraient encore trente ans après la sortie du film. Le fait que ce film, avec un fond si subversif, ait pu « passer » à l’époque, nous dit déjà beaucoup sur le génie de Lang.
Scénario assez simple et prévisible mais très efficace. Un homme qui va se marier est pris pour un dangereux malfaiteur et jeté en prison. La foule de la ville s'exaspère de la lenteur du système judiciaire et prend d'assaut la prison. Si les scènes montrant la tension palpable parmi les habitants, tension qui se mue peu à peu en folie meurtrière, sont saisissantes, j'ai été moins convaincu par le jeu des acteurs. Spencer Tracy notamment surjouait cet innocent dévoré par la soif de vengeance. Sylvia Sydney avait un jeu assez limité. Le final m'a paru assez convenu, très attendu surtout. Le film est un plaidoyer pour le respect des lois et des institutions et un réquisitoire contre les passions des foules. Mais Fritz Lang montre dans le même temps les limites de l'institution judiciaire, soumise notamment aux pressions politiques. C'est une vision clairement pessimiste de la part du réalisateur mais qui se base sur une certaine lucidité.
Trente ans avant Arthur Penn dans La poursuite impitoyable, Lang avait abordé le thème du lynchage, et l'attaque de la prison locale par la foule fanatisée présente de façon identique le processus d'exaltation furieuse d'une foule, et de ce qui fut longtemps une des taches des USA: un lynchage sans procès tous les trois jours, et presque jamais de condamnés. Steve Tracy n'est pas Redford, et le shérif Edward Ellis n'a pas bien sur la présence de Brando. En revanche, la condamnation de la vengeance, déviance aussi perverse que le lynchage, donne une puissance inégalée au scénario. Court, efficace, ce premier Lang américain reste très classique dans sa facture et son final mais n'a pas vieilli ni perdu de son acuité. PC1 vo - février 2019
Passionnant, haletant; prenant; j'aimerais que les films que je vois au ciné et qui durent 2h45 soient aussi bons et efficaces que celui-là de 1h30! Et il est encore tant d'actualité: plein de sujets de société abordés sans lourdeurs aucune. Un lynchage avait lieu tous les 3 jours à l'époque aux Etats-Unis comme il y a sans cesse de nos jours des massacres commis par des gens armés. Le chien "Rainbow" aussi est génial: j'adore la scène où il trouve ce chien alors qu'il vient de laisser sa petite amie à la gare "you look the way I feel, lonely and small". Aussi, c'est plutôt malin et original d'avoir utilisé le chien comme marquage du temps qui passe: on la voit plus tard avec des puppies donc on comprend que des mois sont passés.
Reprenant la plupart des thèmes de M. le Maudit, Lang lance un cri contre la rage humaine, qui se laisse emporter par ses pulsions et par une fausse justice qui est en réalité la vengeance. Les rôles sont progressivement inversés, la foule violente est innocente et le prisonnier présumé mort ( incarné avec brio par Tracy ) innocent à la base se laisse absorder à son tour par la haine et le désir de la mort. Le remords et la folie l'emporteront, la prise de conscience de l'éloignement de l'humanité le remettront sur le droit chemin. Lang traite avec justesse et excellence ces thèmes dans le scénario très travaillé et avec une réalisation riche rappelant ses films muets. Il dévoile un de ses films les plus poignants et un des meilleurs films à procès.
Un film au scénario aussi brillant que ne l'est l'interprétation des acteurs. A travers le portrait d'un futur marié subissant la furie d'une foule en délire qui se rend aussi coupable que leur victime, Lang critique violemment le système judiciaire et les valeurs du pays. Comment ne pas voir là l'Allemagne hitlérisée ? Rappellons que nous sommes en 1936 et pourtant ce film est toujours aussi moderne. La photographie et les dialogues sont un régal pour la vue (on a des airs de film noir) et les oreilles (superbe scène de procès bien rythmée et bien écrit). On finit par la déclaration finale de l'accusé lors du procès (comme dans M le Maudit) dans une scène déchirante. Excellent.
Une œuvre majeure du cinéma allemand fraîchement exilé aux États-Unis avec la montée du nazisme en Europe. L'intrigue avance à grand pas des autres œuvres d'art de ce cinéaste, un scénario à l'image de M. le maudit où la foule en transe de folie. La réaction est irréfléchie suite à l'effet boule de neige ragot, comme hypnotisé et en meute à poursuivre ce bouc émissaire qu'est l'innocent accusé d'un enlèvement totalement injustifié encore une fois. Une belle bande de sacré lurons ces défenseurs de leurs droits, se permettent d'instaurer ce qui doit vivre et mourir, lynché est un jeu radiophonique, agissant ainsi la balance décisive sur la peine de mort. Du grand n'importe quoi pour cet excellent long plaidoyer qui s'enchaîne jusqu'au verdict, qui aurait pu être rendu dramatiquement cruel mais il n'en est rien, ils ont eu chaud. Pas coupable ou coupable avéré, qu'est-ce que ça change au rendu du film ?
Un classique du cinéma qui n'a pas pris une ride . Je l'avais étudié en école de cinéma car il s'agissait du film préférer de notre prof . Tout est maîtriser la réalisation , le scénario et les acteurs , ce film est culte .
Après un passage en France ("Liliom") ce film est le premier film américain de Fritz Lang, alors en fuite du régime nazi... D'ailleurs comment ne pas faire de parallèle entre ce plaidoyer anti-lynchage (scandale courant dans le pays) et la montée du nazisme de son pays d'origine ?! Emmené par un Spencer Tracy toujours aussi charismatique on suit donc la justice expéditive d'une foule envers un homme innocent. La vengeance est le plus intéressant, car on comprend la réflexion de cet homme, étant "mort" les responsables devraient jugés coupables. Ce film a toujours cette force qui mêle justice et soif de justice de telle façon que le poil à gratter a dû en démanger plus d'un à l'époque. Et pourtant on ne peut qu'être déçu par un happy end (quasi obligatoire en 1936) qui atténue un peu le message par sa démagogie. Un film sombre, peu optimiste en l'être humain qui prend toute sa valeur si on se place en spectateur de l'année 1936 (année des JO à Berlin, l'écho du film avec le nazisme est évident).
Première réalisation Américaine pour Fritz Lang, le réalisateur Allemand à qui l’on doit les célèbres Metropolis (1927) & M le Maudit (1931). Avec Fury (1936), le réalisateur dresse une critique virulente envers les Etats-Unis et son mode de vie et aborde pour thème principal, le « lynchage » ! Un homme bien sous tous rapports et qui s’apprête à épouser celle qu’il aime se fait arrêter par la police du coin. Elle l’accuse injustement de l'enlèvement d'une jeune femme. Depuis sa prison, il aperçoit les habitants qui se lient contre lui, près à lui faire payer son acte (qu’il n’a pas commis), ils le lynchent sans modération et mettent même le feu à la prison, le laissant pour mort. S’ensuivra un long procès où les vingt deux accusés doivent faire face aux plaignants (les frères et la petite amie de la victime). Fritz Lang nous tient en haleine en un rien de temps, il émerveille et captive grâce à son excellente mise en scène, ses jeux de caméras, la tension palpable et surtout, le jeu des acteurs, remarquablement interprétés par Spencer Tracy & Sylvia Sidney, font de ce film, un chef d’œuvre de plus dans la filmographie du cinéaste !
Fritz Lang a toujours eu peur de la foule et il le montre bien avec ce film abordant non seulement le thème du lynchage mais aussi les conséquences que cela peut avoir. Les scènes de foule sont saisissantes et le scénario très bien écrit avec de superbes scènes de procès. Dans le rôle de l'accusé innocent, Spencer Tracy est excellent, d'abord victime puis bourreau. Le cinéaste commençait très fort sa carrière américaine et son talent n'était déjà plus à prouver.
Premier film américain de Fritz Lang après son départ d’Allemagne suite à l’arrivée au pouvoir d’Hitler (et après un passage par la France), Furie est un pamphlet dénonçant le phénomène des lynchages aux États-Unis qui prend la forme d’une réflexion sur la perte des repères moraux et humains d’une foule en colère. Parfois un peu démonstratif, ce long-métrage fort et puissant – en particulier dans sa partie centrale, où le personnage principal est pris au piège par les habitants déchaînés d’une ville – n’est pas sans évoquer le contexte politique allemand des années 30.
Le cinéma de Fritz Lang n’est pas toujours empreint d’une grande finesse dans les excès qu’il entend dénoncer. Pour son premier film à Hollywood après avoir quitté l’Allemagne en refusant le poste de grand superviseur du cinéma pour le IIIème Reich que lui avait proposé Goebbels, Lang livre une sorte de suite à « M le maudit ». Le metteur en scène qui a dû quitter son pays, gagné par la peste brune est fasciné par la manipulation des foules. « Furie » apportera la démonstration qu’une fois la mèche allumée plus rien ne peut contrôler une foule déchaînée. C’est Spencer Tracy, alors vedette majeure, et spécialiste des rôles à forte dimension dramatique qui sera le pauvre quidam lynché à tort. Après une entrée en matière assez maladroite et convenue sur le couple idyllique que Tracy forme avec la très gracile Sylvia Sydney, Lang nous brosse de main de maître et en quelques plans, les enjeux du drame qui va se dérouler sous nos yeux. Les acteurs étant en place, la machine peut alors être lancée à pleine vapeur. Le manichéisme n'ayant jamais effrayé Lang, les caractères sont présentés à leur paroxysme afin que chacun ne se trompe pas sur les intentions et les idées du réalisateur. Bruce Cabot, vieux compagnon de boisson d’Errol Flynn est là pour agiter la foule et entraîner les quelques récalcitrants qui hésitent encore à commettre l’irréparable. Mais pour oser un tel crime il faut que personne ne manque à l’appel afin qu'aucun ne se sente coupable et donc gare à celui qui rechignerait trop longtemps. Lang est parfaitement à son affaire et nous fait ressentir de visu la peur de celui que la foule en rage a choisi pour expier les crimes impunis qui frappe la ville. Rien ne pourra s’opposer à la « furie » en marche, ni le shérif pourtant courageux et expérimenté ni le politique qui choisit par calcul de ne pas envoyer la garde mobile. Seul un signe du destin viendra au secours de Tracy qui en échappant aux flammes par miracle va donner un tout autre ton au procès qui s’ouvre quand le véritable coupable est finalement retrouvé. Lang met ainsi brutalement les villageois redevenus ce qu’ils étaient à l’origine , c’est-à-dire de paisibles citoyens, devant la gravité et l’absurdité de leur acte. L'irréparable commis, la communauté va se ressouder afin de pouvoir continuer à vivre ensemble et chacun va venir au secours de l'autre dans une longue suite de faux témoignages dont personne n'est dupe et surtout pas le juge. Mais l'Amérique qui porte en elle le gène du racisme première cause des lynchages doit apprendre à vivre avec cette plaie ouverte qui a engendré des mouvements aussi primaires et radicaux que le ku klux klan. Tout va donc rentrer dans l'ordre quand Lang se livre à deux retournements pour conclure son oeuvre sur une note positive. Précurseur du rôle omniprésent des médias il placera sur le site un reporter qui aura eu la bonne idée de filmer tous les incendiaires en action pour leur infliger une double peine. Mais nous sommes au pays de l'optimisme roi et Lang qui veut sans doute se faire une place sous le soleil d'Hollywood va offrir au spectateur un twist de dernière minute avec la réapparition de Tracy qui pardonne à ses bourreaux. Lang ne pouvait pas faire moins sous peine de froisser définitivement un public qu'il allait devoir conquérir.
Un film d'avant guerre, un sujet maintes fois abordé depuis, à première vue rien de très engageant mais en fait le film n'est pas marqué par le temps et son scénario intelligent créé un bon suspense. Une bonne surprise