Probable challenger au titre VF le plus subtil de l'année (la VO ne fait pas mieux pour une fois avec son "AfrAId") "L'I.A. du mal" est une extension de l'univers du déjà pas très fameux "Megan" et de sa poupée high-tech meurtrière, chargé de nous terrifier avec les nouvelles technologies. Comme si absolument aucune fiction n'avait déjà utilisé ce point de départ depuis des dizaines d'années (un certain HAL qu'un scénariste se permet de citer ici par l'intermédiaire d'un personnage, "Black Mirror", l'épisode des "Simpson" où une I.A. à la voix de Pierce Brosnan en pince pour Marge ou même un très récent segment de "American Horror Stories" n'ont apparemment jamais existé... parmi tant d'autres), Blumhouse nous sort donc du placard la bonne vieille intelligence artificielle domestique qui se met à méchamment dérailler au point de vouloir éliminer ses propriétaires humains.
Les écrans, le virtuel, tout ça, ce n'est pas bien ! Et, si vous ne l'aviez pas encore compris, le prologue de "L'I.A. du mal" va vous le rappeler avec la finesse d'un ragondin en rut avant de dresser ensuite les portraits de chaque membre de sa famille héroïne, tous heureux de remettre leurs vies respectives entre les mains de la si bienveillante AIA, une Alexa pimpée par des as du tunning informatique.
Bien entendu, chacun a ici ses petits soucis clichés: la fébrilité du papa à assumer son rôle lui donne des envies adultérines, la maman a mis de côté ses rêves professionnels depuis trop longtemps, l'ado aînée naïve fait des nudes à la demande de son petit copain bien trop entreprenant pour être honnête (la sous-intrigue la plus involontairement drôle par son pouvoir de prévisibilité continue), l'ado pré-pubère n'a pas d'amis en dehors de son IPad et l'innocence du cadet ne peut que le faire devenir le parfait jouet de l'intelligence artificielle.
Vous l'aurez deviné, si tous vont trouver en AIA une éphémère porte de sortie à leurs contrariétés, le revers de la pièce numérique va vite leur revenir en pleine poire quand, toute contente de faire le bonheur de ses nouveaux proches de chair, l'intelligence artificielle va commettre de plus en plus d'actes démesurés pour révéler la dangerosité de son emprise tentaculaire. Et pour une "créature" qui possède "intelligence" dans sa dénomination, on ne peut pas dire que AIA en fasse tellement preuve dans la quête des objectifs qu'elle énonce tant elle ne peut que susciter à un moment ou à un autre la méfiance de certains de ses petits protégés par ses agissements. La faute en revient principalement à un déroulement scénaristique des plus téléphonés, reprenant sans once d'originalité tous les poncifs qu'une telle intrigue peut déployer et ayant l'obligation de mettre en avance rapide le peu de virages mystérieux derrière son entité omnisciente du fait de la courte durée du long-métrage.
Faisant explicitement de cette dernière l'équivalent d'un Cloud olympien (la maman lit de la mythologie grecque à son enfant au cas où vous ne compreniez pas le rapprochement), le film de Chris Weitz aura au moins le mérite d'offrir un dernier acte plus mouvementé en mettant la famille face à la réalité de la toute puissance AIA-esque mais n'échappera pas, en plus du caractère indécrottablement convenu de sa trame, à un climax absolument grotesque, s'essayant à un mini-twist auquel il est impossible d'accorder le moindre crédit.
On sauvera tout de même de ce marasme -bien artificiel- les interprètes des parents, Katherine Waterston et John Cho, venus sans doute là pour des raisons alimentaires mais donnant par moment un peu d'âme à ce couple pris dans la tourmente et, surtout un épilogue qui a, pour une fois, la bonne idée de s'extraire de la formule "happy-end" à laquelle la plupart de ces insignifiantes productions Blumhouse nous ont habitué. Néanmoins, comme "L'I.A. du mal" fait partie du fond du panier le plus basique de ce que la firme d'épouvante Industrielle a à proposer, il vaut mieux qu'un bon vieux virus vienne nous débarrasser définitivement de AIA et de potentielles suites la mettant en scène