Jusqu'au bout de la blague, ce farceur d'Art le clown remet sa tête -précédemment décapitée- sur ses épaules pour se livrer à un nouveau carnage dont il a le secret mais cette fois carrément interdit aux moins de 18 ans dans nos contrées ! On n'avait plus vu ça depuis "Saw III" il y a près de vingt ans, c'est dire l'étendue de la flaque de sang susceptible d'être délivrée par son sac à malices !
Et, si ses précédentes aventures (un bête slasher/splatter fauché au départ qui a acquis ensuite une aura surnaturelle dans son interminable séquelle) ne nous avaient guère convaincu par leurs contenus hormis l'irrésistible cabotinage mutique de son tueur ou les excellentes apparitions de sa petite acolyte, force est de constater que le contrat de gore grandguignolesque, de cruauté clownesque et autres crasseries en tout genre promis par l'instigateur de la saga, Damien Leone, était à chaque fois rempli à coups d'effets artisanaux généreux pour rassasier de tripailles les amateurs du genre.
Évidemment, avec ce troisième réveil situé exceptionnellement en période de Noël de l'ami Art (accompagné d'une hotte budgétaire ne cessant d'augmenter de film en film), il fallait désormais placer le curseur encore plus haut niveau massacres qui tâchent méchamment, une chose a priori difficile après un deuxième opus qui avait déjà atteint des sommets en son genre (la séance de tortures très salées subie par la meilleure amie notamment). Une fois de plus, Damien Leone et son Art du découpage ne déçoivent pas sur ce point, trouvant le moyen de décupler les coups d'éclat du clown par une folie sadique qui atteint ici une forme de paroxysme en termes de geysers de sang et d'entrailles extirpées de corps pas franchement volontaires pour la chose.
Entre une rencontre au sommet avec le Père Noël dans un bar et une séquence de douche "vrombissante", en passant par une mémorable distribution de cadeaux, Art fait... ben... ce qu'il sait faire de mieux afin de justifier cette interdiction française aux moins de 18 ans (et elle l'est, bien plus que "Saw III") avec toujours un incroyable David Howard Thornton pour y ajouter une touche d'humour tout aussi naïf que noir à travers de savoureux numéros de mimiques burlesques.
Bref, si l'on devait juger "Terrifier 3" à l'aune des seules facéties meurtrières de son clown et au plaisir évident que prend Leone à les mettre en scène, on serait bien plus indulgent quant à la note à octroyer au long-métrage... Malheureusement, dès que "Terrifier 3" quitte de l'oeil Art et ses dangereux tours en vue de développer l'histoire fantastique de plus grande ampleur qui l'entoure ou les personnages annexes chargés de lui barrer la route, c'est toujours autant la bérézina.
Bien moins compétent pour mener un récit avec un minimum de rythme ou s'intéresser à ses héros autrement que par les pires platitudes de dialogues/situations (et le doublage VF catastrophique n'arrange rien), Damien Leone fait sombrer son film dans l'ennui le plus total entre chaque meurtre, allant même jusqu'à avoir parfois un mal fou à raviver un peu de tension aux prémices des passages à l'acte d'Art avant que la violence graphique l'emporte.
De plus, en perdant la force de la présence d'une compère d'Art pour en choisir une autre représentation, "Terrifier 3" ne bénéficie plus d'une des plus belles qualités de son prédécesseur et s'enlise désormais dans un plus grand et vague schéma d'une énième lutte du Bien contre le Mal où, bien sûr, la démonstration gore peut encore illusion via les relents d'une atmosphère très 80's de virages infernaux, mais où tout donne au film l'air d'une transition qui ne sait plus trop quoi dire dans sa dernière partie (le rendant encore plus long que le 2 malgré le fait qu'il soit plus court, un exploit) sinon annoncer des pistes que l'on n'est pas très sûr d'avoir envie découvrir pour l'avenir.
Un nouveau tour de piste d'Art le clown qui ne vaut donc que pour les numéros gores flamboyants de son tueur star (et de son interprète habité). Le reste est hélas encore beaucoup trop hasardeux ou ordinaire pour rendre pleinement justice à ses agissements de grand trublion ô combien pervers.