Festival de Deauville, la séance qui n'était pas prévue. On s'est fait refouler de toutes les séances, on se caillait gentiment, alors on a demandé "le film où on peut encore rentrer, n'importe lequel, par pitié" (on est vraiment très difficile en choix de films). Et ce fut Terminator. On ne l'avait vu qu'une fois, enfant, et on n'en gardait aucun souvenir (ayant à l'inverse fait tourner pas mal la VHS du deuxième opus), alors quelle ne fut pas la redécouverte totale de ce film sympathiquement bourrin, au scénario bien pensé, au binôme Linda Hamilton et Arnold Schwarzenegger qui crève l'écran à chaque plan, au rythme impeccable (impossible de s'ennuyer), et aux effets spéciaux gentiment vieillots (il faut dire ce qui est : l'animation en stop-motion du robot pique les yeux, la doublure plastoc de Schwarzenegger ne lui ressemble pas et fait cheap, bref, "c'est dans son jus", c'est un attendrissant regard dans le passé des effets spéciaux, mais de nos jours cela vieillit mal). On comprend vite pourquoi tout est devenu culte dans ce film, car tout, à peine entendu, à peine vu, résonne dans notre tête. Le robot à l'oeil rouge, les "Sarah Connor ?", les messages sur l'intelligence artificielle et ses dangers (qui ont beaucoup d'avance), l'esthétique du chaos futuriste, le gars taiseux avec ses lunettes de soleil et son fusil à pompes : on retient vite toutes les idées originales que James Cameron peut proposer dans Terminator. Il sait même tirer profit des problèmes de prononciation de Schwarzenegger, dans l'un de ses premiers grands rôles américains, pour donner une patine de plus à son robot charismatique (au-delà de sa plastique). La musique (culte, elle aussi, vous l'aurez compris) nous offre les percussions du générique de début, les déchirements lancinants des visions pessimistes du futur, et un tempo d'enfer lors des courses-poursuites. On aime bien aussi le personnage "final girl" de Linda Hamilton, qui se réveille enfin (
après avoir été une jouvencelle en détresse 80% du film, juste bonne à sauter au cou d'un gars rencontré quelques heures plus tôt...
) dès qu'elle ne peut plus compter que sur elle-même (le final est vraiment prenant). Que dire de plus, si ce n'est qu'on a beaucoup aimé redécouvrir le film sur grand écran (sa place par excellence), qu'on s'est étonné de la violence du film (il trifouille son bras, il trifouille son œil, il dégomme les gens salement : le Terminator n'est pas venu pour tricoter), et qu'à présent, on est sûr de ne pas l'oublier. Il mérite son statut de film culte : "You're terminated." (drop the mic', Linda).