Chasse gardée : les secrets du tournage

Antonin Fourlon et Frédéric Forestier ont eu l'idée de cette migration d’un couple de Parisiens et de ses enfants vers la campagne pendant le confinement. Les réalisateurs précisent : "J’ai effectivement écrit cette histoire pendant le confinement que j’ai passé avec mes deux enfants en bas âge, dans soixante mètres carrés à Paris. J’avais des envies de grands espaces, je fantasmais déménager dans cette maison que je décrivais. Autour de moi, beaucoup d’amis partaient. Déjà, avant le confinement, un bon nombre de Parisiens arrivaient à saturation à tous points de vue. Ça n'a fait qu’accentuer les choses."

Avec cette comédie qui oppose la capitale à la province, les bobos aux chasseurs, Antonin Fourlon et Frédéric Forestier ont voulu véhiculer le message suivant : "Aimons-nous les uns les autres malgré nos différences. Apprenons à vivre ensemble, à faire des compromis en essayant de trouver les choses qui nous lient. C’est, en résumé, le fond de cette histoire. C’est plutôt un film de réconciliation entre les chasseurs que j’ai fréquentés qui sont souvent moqués et eux-mêmes qui brocardent les néo-ruraux qui ne connaissent rien à la campagne, au sauvage."

"Les deux camps peuvent être aussi ridicules en montrant que, d’un côté et de l’autre, il y a des gens supers."

Antonin Fourlon et Frédéric Forestier ont déjà collaboré sur des projets qui n’ont pas encore abouti. Le second confie : "Antonin a écrit le film, je l’ai présenté à la production et nous avons décidé de le réaliser ensemble. Sur un tournage il est toujours enrichissant de travailler à deux, de pouvoir s’appuyer l’un sur l’autre. Cela nous a permis, en particulier, de faire évoluer le script en permanence."

Pour les personnages de Simon et Adelaïde, Antonin Fourlon et Frédéric Forestier ont choisi Camille Lou et Hakim Jemili : "J’avais fait des essais avec Hakim pour un autre film et je l’avais trouvé formidable. Il possède une palette de jeu assez large. Nous avions beaucoup aimé la fraîcheur et la candeur de Camille en la voyant à la télévision ou au cinéma. Ce qui s’est vérifié quand nous l’avons rencontrée. Elle est d’une expressivité incroyable. Elle rayonne", confie Frédéric. Antonin poursuit :

"Dans le scénario, Adélaïde était décrite comme une femme battante et Simon comme un mari un peu plus tempéré et vanneur. Camille et Hakim leur correspondaient parfaitement."

Frédéric Forestier avait déjà travaillé avec Chantal Ladesou sur le téléfilm Il était une fois à Monaco : "Elle a une forte personnalité qu’elle trimbale de rôle en rôle et c’est un peu ce que nous cherchions. Elle s’est beaucoup amusée."

Les Inconnus avaient réalisé en 1991 un sketch sur la chasse devenu célèbre, ce qui a bien entendu influencé Antonin Fourlon et Frédéric Forestier quant au choix Didier Bourdon pour camper Bernard. Les cinéastes se rappellent : "Instinctivement, nous sommes allés vers lui. Et Didier n’a pas été dupe. C’est un sketch qui a fait date, qui a été et qui est encore beaucoup regardé car il a su séduire plusieurs générations. Didier a voulu évidemment s’en détacher même s’il n’a pas résisté à y faire un clin d’œil. Ce qui lui a plu c’est la complexité du personnage, son authenticité, son évolution."

"Il fallait une proposition différente de celle du sketch, pas une caricature. Quand le sketch est sorti, la mode dans la chasse était au paramilitaire mais cela a complètement changé. C’était intéressant de voir l’évolution trente ans plus tard."

Chasse gardée comporte de nombreux animaux. Des scènes relativement difficiles à gérer, comme l'explique Frédéric Forestier : "Celles avec le chat ont été plutôt ardues. Pour le reste, il y a quelques sangliers mais surtout des animatroniques et des effets numériques. Autant on peut dresser un chien, autant c’est plus compliqué avec un sanglier ou cerf. C’est aussi l’époque qui veut ça, comme dans les cirques, au cinéma on utilise de moins en moins d’animaux issus du monde sauvage."

Chasse gardée comprend une longue scène de banquet pantagruélique ponctué de chansons paillardes qui rend le milieu des chasseurs sympathique. Une séquence difficile à tourner, comme s'en souviennent Antonin Fourlon et Frédéric Forestier : "Cela nous a pris deux jours et demi et encore c’était juste. Quand il y a beaucoup de personnages, on pense qu’on n’a jamais assez de temps pour bien filmer tout le monde. Le plateau était extrêmement bruyant, peuplé de nombreux figurants, la chaleur du mois d’août étouffante."

"Entre chaque plan tout le monde sortait, il fallait du temps pour que chacun revienne en place. Nous avons chapitré la séquence en plusieurs parties parce qu’il fallait bien montrer les phases d’ébriété au fil du banquet, chacune ponctuée par une arrivée de plat. Le tout avec de nombreuses prises pour chaque plan et des chants enregistrés en live, un mix de chansons paillardes de chasseurs et de chansons des compagnons du tour de France."