A Man traite du phénomène des "évaporés" au Japon, communément dénommés "jōhatsu". Chaque année, on estime qu'environ cent mille personnes disparaissent volontairement au pays du Soleil-Levant, abandonnant leur famille et leurs proches derrière elles. Les raisons derrière ce désir de disparition sont nombreuses et diverses, il s'agit souvent d'un besoin de fuir un quotidien anxiogène, une situation familiale compliquée ou des dettes impossibles à éponger. Ce phénomène n'est pas nouveau : en 1967, le film L'Évaporation de l'homme de Shôhei Imamura mettait déjà en scène une femme sur les traces de son fiancé, évaporé dans la nature.
A Man a été nommé treize fois aux Japan Academy Prize 2023, l’équivalent nippon des Oscars, et a remporté huit prix, dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur acteur et des meilleurs seconds rôles masculins et féminins.
A Man est l’adaptation du roman éponyme de Keiichiro Hirano, qui a remporté en 2018 le prix Yomiuri - le Goncourt japonais -, et qui a été traduit dans de nombreux pays, sauf la France.
Le film dépeint des réalités sociales encore peu montrées au Japon, comme le personnage d’une mère célibataire qui se remarie ou encore le racisme envers les Coréens dans la société japonaise, appelés "Zainichi". Le réalisateur souligne : "Ce que vous voyez dans ce film est le véritable Japon d'aujourd'hui. [...] Dans le cinéma japonais, il y a eu une tendance à éviter les questions sociales, mais pour ma génération, j'ai l'impression que cela change un peu. Je voulais faire un film qui se déroule dans le monde réel, assailli par des problèmes complexes, dans lesquels l’intime et le collectif sont imbriqués."
Kei Ishikawa a étudié le cinéma au Japon ainsi qu'à la célèbre école nationale de cinéma de Lodz, en Pologne. Ainsi, son œuvre est aussi bien nourrie de références japonaises que polonaises : "ces deux cinématographies partagent une approche avant-gardiste similaire et ont cultivé des cultures cinématographiques qui les distinguent des pays voisins, pour ne citer que quelques-uns de leurs nombreux points communs. J’essaie de puiser dans ces deux cultures, mais je ne fais pas consciemment des films dans un style européen ou japonais. J'essaie simplement de rester fidèle à l'inspiration que chaque histoire exige."
Le cinéaste se dit inspiré par Denis Villeneuve, pour sa vision singulière du monde, et Krzysztof Kieslowski, pour ses réflexions autour du hasard et du destin. En ce qui concerne A Man, il a voulu faire un film dans la veine des nombreux films d’enquêtes de l'âge d'or du cinéma japonais, prenant exemple des classiques comme Entre le ciel et l’enfer d'Akira Kurosawa ou Le Détroit de la faim de Tomu Uchida.