"J’ai une manière un peu surréaliste, un peu cadavres exquis, de trouver des titres, comme pour mon film précédent, « Oranges sanguines ». Ces « Pistolets en plastique » sonnent bien, car tout le monde est un peu en plastique. Les personnages, le faux Bernardin, le vrai Bernardin, les enquêtrices, tous sont en toc. Quand j’ai relu le scénario, ma page était ouverte sur cette scène où Zavatta, le « ninja de la police », se fait tirer dessus par ses enfants avec des jouets, j’ai su que j’avais trouvé mon titre."
Les quatre acteurs principaux, Delphine Baril, Charlotte Laemmel, Laurent Stocker et Gaëtan Peau ont longuement répété avec Jean-Christophe Meurisse. Ce dernier raconte : "J’aime bien faire venir des gens connus pour une journée de tournage, aussi, comme Jonathan Cohen, Vincent Dedienne ou François Rollin et Romane Bohringer. Delphine et Charlotte, elles, font partie de ma troupe de théâtre, « Les Chiens de Navarre », et ont l’habitude d’improviser, domaine dans lequel elles sont très bonnes. Elles ont des personnalités très fantasques, c’est ce qui m’intéresse. C’est d’ailleurs une qualité partagée par tous les comédiens du film. Je prends toujours des gens drôles."
Jean-Christophe Meurisse a voulu faire une comédie noire, mélangeant humour et horreur. Le réalisateur explique : "C’est ce que j’aime : le mélange. Ce que je n’aime pas : rester dans un registre unique. Je veux que tout soit tendu, aussi bien dans la narration que dans la forme. On ne sait pas sur quel pied danser. On va de l’absurde à l’horreur, on est dans le rire du pire, entre tragédie et comédie de manière permanente."
"Côté absurde, il y a cette scène où Vincent Dediennne et Aymeric Lompret, flics dépassés, font une conférence en visio avec les policiers danois, où personne ne se comprend vraiment. Sinon, il y a aussi des scènes plus tragiques, avec des évènements nettement plus sanglants…"
Jean-Christophe Meurisse a écrit le scénario des Pistolets en plastique pendant deux ou trois mois. Il se rappelle : "Ce texte va faire 80% du film. Après, Amélie Philippe, ma collaboratrice et épouse, repasse dessus. On développe les situations ensemble, puis je rencontre en amont tous les comédiens pour chaque séquence, et j’essaie de voir ce qu’ils vont en faire. J’écoute, on réécrit, on répète un an avant le tournage."
"La folie de mes films est concertée, répétée longuement. Quand on tourne, il faut que ce soit explosif, dingue, et que chaque jour de tournage soit une fête. Trente-quatre jours de tournage, trente-quatre fêtes !"
Pour concevoir l'intrigue centrale des Pistolets en plastique, Jean-Christophe Meurisse s'est inspiré de l’histoire de Guy Joao, arrêté à Glasgow après avoir été pris pour Dupont de Ligonnès : "Préretraité chez Renault, il a été confondu avec l’homme le plus recherché de France, et, arrêté, il a passé vingt-six heures d’enfer dans les geôles écossaises… On était dans un dessin de Sempé ! Je me suis dit que le vrai Dupont de Ligonnès s’est bien marré ! Peut-être qu’il buvait des jus de goyaves alcoolisés en se faisant une petite pépée en Amérique du Sud…"
"J’ai imaginé deux enquêtrices du web, qui ne passent pas leurs weekends à collectionner des timbres ou à bricoler, mais qui se livrent à des recherches pendant leurs loisirs. Dans leur parcours éthylique, elles finissent par énucléer le faux coupable…"
La bande-annonce des Pistolets en plastique est composée d'artistes aussi différents que Julien Clerc, Taj Mahal, Dalida, Mahler, Bach ou encore Frankie Valli. Jean-Christophe Meurisse raconte : "Quand j’écris, je passe de la musique. Je ne peux pas écrire sans. Ni concevoir la vie sans. Variété française, rock, jazz, j’écoute tout. La musique ouvre l’imagination. Mais je reviens toujours au rock des années 60 et 70, de Creedence Clearwater Revival à Elvis Presley. J’ai été voir Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, Bruce Springsteen quand j’étais jeune…"