Sauf pour le spectateur
50ème film du grand Woody Allen… On se dit, il est là le coup de chance. Pauvre Woody, qui, même innocenté plusieurs fois par la justice américaine pour des soupçons – à ce jour non fondés -, d’agressions sexuelles, est devenu un paria aux USA et a décidé de tourner son nouvel opus en France, en français et avec un casting du même métal. Fanny et Jean ont tout du couple idéal : épanouis dans leur vie professionnelle, ils habitent un magnifique appartement dans les beaux quartiers de Paris et semblent amoureux comme au premier jour. Mais lorsque Fanny croise, par hasard, Alain, ancien camarade de lycée, elle est aussitôt chavirée. Ils se revoient très vite et se rapprochent de plus en plus… Hélas, 93 minutes plus tard, quelle déception ! Ce n’est pourtant pas la 1ère fois qu’il traverse l’Atlantique, après l’Italie, l’Angleterre, l’Espagne, et déjà plusieurs fois l’hexagone, mais, cette fois, il semble avoir perdu toute sa verve, sa vivacité et même son cynisme de bon aloi. Cette comédie policière se révèle dune platitude et d’une mollesse inouïes. Même, si dans le pire, Mister Allen reste encore mille lieues au-dessus de beaucoup de comédies franchouillardes, c’est une vraie déception.
De Annie Hall à Blue Jasmine, en passant par Vicky, Cristina, Barcelona, notre réalisateur du jour est passé maître dans l’art de parler des femmes. Ici, le personnage central, encore une fois, est une femme victime de ses contradictions et de ses sentiments. Autre grande force, chez Woody, la comédie policière. Meurtre mystérieux à Manhattan, Coups de feu sur Brodway, Le sortilège du scorpion de jade, étaient des pépites dans le genre. Alors, que s’est-il passé avec ce coup de chance qui a tout d’un coup d’épée dans l’eau, car, disons-le, le film se noie dans des dialogues sans peps, des situations déjà-vues et surtout est submergé sous un tombereau de clichés sur Paris et la vie parisienne. Les personnages sont d’un snobisme à couper le souffle et pas un ne mérite un instant d’empathie. On n’a qu’un seul désir, c’est que ça s’arrête, tant mon admiration pour le grand Woody Allen est mis à mal. Ce bel automne à paris, s’avère un triste automne pour lui… et pour nous.
Lou de Laâge est charmante, Melvil Poupaud à la limite du supportable, Niels Schneider, niais et inconsistant, même Valérie Lemercier, en enquêtrice amateur, ne m’a décroché aucun sourire. Ajoutons, pour faire bonne mesure les prestations tout aussi empruntées de Grégory Gadebois, Elsa Zylberstein, Guillaume de Tonquédec… c’est vous dire si le cinéaste ne s’est privé de rien ni de personne… et pourtant… flop, flop, flop ! Et ça me fait mal de l’écrire.