En dépit de ses apparences de farce, "Le sucre" a parfois les accents et l'esprit du pamphlet. Rouffio entre dans le détail de la mécanique boursière et dévoile, si besoin, les pratiques spéculatives éhontées, plus ou moins légales, de la haute finance.
Sous l'action occulte, artificielle et quasi démoniaque (Michel Piccoli n'a-t-il pas ici une fonction diabolique?) d'un potentat de la finance, la valeur du sucre, produit ordinaire si l'en est, monte et descend, enrichit les uns, ruine les autres.
Le cinéaste révèle les arcanes de la banque et des sociétés boursières, tout à la fois complices et victimes d'un système implacable et dévoyé. Adrien Courtois (Jean Carmet), jeune retraité des Impôts, bourgeois vaniteux et donc pigeon potentiel, paiera pour le savoir grâce aux bons soins d'un boursicoteur fort en gueule.
La première partie du film, efficace et dynamique, est très réussie. L'entrée brutale dans le sein du capitalisme s'accompagne de porraits savoureux. Le film est drôle, ironique et, malgré quelques traits caricaturaux, constitue une comédie aussi divertissante qu'édifiante. L'interprétation, pleine de verve, est excellente.