Dans les contes et légendes japonaises, une « Mayoiga » (le titre en version originale) est une maison qui bénit les voyageurs perdus. Cette demeure, ancrée dans les légendes de la région d’Iwate, octroierait couvert et bonne fortune à ses visiteurs. C’est en son sein qu’une nouvelle famille sans liens du sang s’apprête à découvrir un quotidien haut en couleur.
Fiction inspirée de faits réels, La Maison des égarées est une adaptation d’un roman de Sachiko Kashiwaba.
La Maison des égarées s’inscrit dans le « Continuing Support Project 2011+10 », soit un hommage aux victimes du tremblement de terre et du tsunami qui ont frappé le Japon en 2011. Ce projet regroupe trois productions d’animation distinctes qui se déroulent dans les préfectures directement touchées. La série Bakuten!! se situe à Miyagi, le film Hulla Fulla Dance se passe à Fukushima et c’est Iwate qui est le théâtre de La Maison des égarées.
Shin'ya Kawatsura a utilisé des images réelles des zones sinistrées pour créer les décors du film. Il explique : "Nous avons utilisé ces images des côtes endommagées après la catastrophe de 2011 comme référence, mais nous ne les avons pas copiées exactement. Il était nécessaire de modifier et d’éditer les images pour les besoins du film et de ce que nous voulions exprimer à travers ces scènes. Nous avons visité certaines zones lors de la collecte d’images de référence, et ces endroits ont depuis été réparés et reconstruits, bien qu’ils ne puissent bien sûr pas être restaurés exactement comme ils étaient avant."
La grand-mère connecte les humains aux êtres fantastiques et mystiques. Sa ferveur envers les esprits et sa connaissance de la culture locale lui permettent de côtoyer des Yôkai, ces nombreuses créatures fantastiques issues du folklore nippon. Très présents dans l’art et les croyances, les Yôkai (Kappas, Tanukis...) sont très nombreux et chacun a sa propre légende.
Cette vieille femme communique également avec les statues à l’effigie de Jizô Bosatsu. Il s’agit du Boddhisatva Bosatsu, protecteur des voyageurs et des enfants (et de la famille, pour certains). Au Japon, ces statues jalonnent les bords des routes, les carrefours ainsi que les temples, des lieux de passage qui symbolisent la frontière entre le monde réel et le monde spirituel.
L’exemple le plus marquant au cinéma est le Jizô devant lequel s’arrête la voiture dans Le Voyage de Chihiro.
Contrairement au roman original, Shin'ya Kawatsura et son équipe ont fait en sorte, dans le film, que le personnage principal, Yui, soit plus jeune de dix ans. Le metteur en scène précise : "Nous avons aussi ajouté son abandon du lycée. Nous l’avons fait dans l’espoir que les jeunes qui traversent actuellement l’adolescence trouveront un personnage plus sympathique et plus proche de l’histoire."
Si le film mêle Shintoïsme (Yôkais, divinités) et Bouddhisme, c’est parce que beaucoup de Japonais pratiquent ces deux cultes assez naturellement. La faune, la flore, les humains, les dieux et les créatures fantastiques se doivent de vivre en harmonie. Mais le film rappelle aussi que les murs ont des oreilles.
Effectivement, la Mayoiga, soit la maison qui accueille et aide ses habitants, montre l’attachement des japonais envers ces bâtisses traditionnelles qui semblent détenir leur propre âme. Cela renvoie également au Zashiki warashi, le Yôkai bienfaiteur « esprit de maison » qui apporte la bonne fortune.
Lieux de rencontres, les deux Mayoiga présentes dans le film permettent aux héroïnes de se ressourcer et de se créer de nouveaux repères.