Sur l'autoroute de la comédie déjantée, on s'attendait à pétarader à fond les ballons en compagnie d'un Jonathan Barré bien inspiré et d'un casting cinq étoiles en roue libre. On n'a pas dépassé la limite de vitesse, restant toujours dans un gentil petit film décalé, mais avec une vraie sympathie pour les personnages (emportés par une Laure Calamy comme d'habitude géniale), et une légèreté qui fait du bien. Évidemment, on se bute à un scénario qui se facilite la vie (jusqu'à cette
happy-end
improbable), des personnages caricaturaux (vite brossés, à seule destination d'être drôles), et une aide financière régionale qu'on peut sentir à chaque plan du film (la Bretagne, ça vous gagne). Mais comment bouder son plaisir devant le concept de base très fun de cette éducatrice de stage de récupération de points du permis qui dégomme les chauffards (c'est plus radical), comment ne pas s'attacher à ce binôme du Palmashow en flics bébêtes qui joue un buddy-movie policier en marge de cette comédie, comment ne pas s'étonner de la beauté de quelques plans (Barré sait où mettre sa caméra), comment ne pas rigoler des répliques lunaires et ironiques qui s'entremêlent ("C'est pas la peine de gueuler, il est brûlé, pas sourd.", on a gloussé), et quelques références à la culture ciné (on espère que vous avez vu Usual Suspects...) qui dénotent carrément dans le film (ça sort de nulle part, et ça casse l'illusion de fiction), mais vous fera chercher les liens (parfois subtils : vous avez vu que la camionnette du poissonnier s'appelle L'Écailler du cinéma ? C'est cadeau.). Alors, pour découvrir qui est le Keyzer Soze / Souazig / Kerrrrr (etc...), de cette histoire de psychopathe dans une Bretagne détrempée (attention, ça glisse...), venez voir Bonne conduite, vous aurez un bon point.