Valentina Maurel a organisé un casting au Costa Rica ouvert à tout le monde. C’est par ce biais qu'elle a rencontré Daniela Marín Navarro, qui n'avait jamais joué la comédie et qui a répondu à l'annonce car elle s’ennuyait chez elle à cause de la pandémie. Quant à Reinaldo Amien, la réalisatrice l'avait déjà dirigé dans un court-métrage intitulé Lucia en el limbo. Elle n'avait pas pensé à lui pour le rôle de Martin mais le comédien a fini par s'imposer comme une évidence.
Pour préparer au mieux ses comédiens, en particulier pour jouer les scènes de violence physique, la réalisatrice leur a fait passer beaucoup de temps ensemble en amont du tournage. Il ne s'agissait pas tant de répétitions que de comprendre la relation des personnages, dont la complicité se fait dans la violence. "Il y a une sorte de reconnaissance et de familiarité dans cette rage qui les anime et qui est à la fois mêlée à de l’affection et de la tendresse. C’est toute la difficulté de séparer les choses et qui rend leur relation complexe." Elle a privilégié un travail physique, plutôt que psychologique : "Nous avons travaillé le rythme des corps, la gestuelle, la façon dont ils se touchent et ses conséquences. Un geste peut par exemple passer de la tendresse à la rage subitement et sans préavis, nous cherchions donc la façon dont on réagit lorsque l’on est en état de choc face à la violence."
Tengo Sueños Eléctricos se déroule à San José, la ville dans laquelle a grandi Valentina Maurel. Un cadre qui va à l'encontre de l'image de carte postale associée au pays : "elle est considérée comme laide dans un pays généralement associé à des paysages paradisiaques. Mon expérience du Costa Rica a été de grandir entourée de béton ensoleillé, dans une ville densément peuplée et assez chaotique. Je voulais m’autoriser à raconter cela, et ne pas montrer que la dimension touristique de ce pays."
La réalisatrice observe ses personnages et ses situations avec une certaine distance, afin de ne pas imposer au spectateur un jugement moral : "Ce n’est pas mon rôle de juger les personnages, c’est au spectateur de le faire. Ce qui m’intéresse en tant que réalisatrice, c’est d’essayer de comprendre et de mettre en scène la difficulté de faire la différence entre le bien et le mal, entre une situation de consentement ou d’abus."
Ainsi, elle ne voulait pas d'un personnage féminin héroïque, mais montrer une jeune femme en plein apprentissage de la vie, avec les erreurs que cela comporte. "J'ai voulu échapper à l'exemplarité d'un personnage féminin qui subit tout, ou qui trouve les réponses à ces questions le temps du film. Parfois, ces réponses prennent le temps de toute une vie à surgir. Ce qui est intéressant est de devoir se poser la question sans cesse pour pouvoir avancer."