A l'origine de Karmapolice se trouve le quartier populaire de Château Rouge dans le 18 arrondissement de Paris. Julien Paolini explique : "À l’image qu’on se fait aussi du 18ème : un quartier électrique, mélange du vieux Paris et des communautés. J’y ai vécu une quinzaine d’années. De la même manière que pour le premier long métrage (Amare Amaro), tourné en Sicile, je vivais à quelques rues de mes décors, je traversais et me projetais le film en tête. La rue Dejean est un studio de cinéma à ciel ouvert, qui reflète une vision de la France et de mon cinéma, celui de la multiculture."
Le film a reçu le Grand Prix du polar à Cognac.
Karmapolice emprunte autant au film de rue qu'au film noir injecté de satire sociale : un hommage à une langue française populaire, un "phrasé des trottoirs et des bistros éloignés des beaux quartiers". Le metteur en scène Julien Paolini raconte : "On est peu à avoir. La Rumeur, avec Les Derniers parisiens et Rue des Dames. Et Clément Cogitore dans Goutte d’or... Claude Berri dans Tchao Pantin !
"J’ai passé des années dans un centre social près de Marcadet, mes films prenaient des années à se lancer, je traînais dans les rues comme Angelo. Au centre, je côtoyais des personnages plus vrais que nature avec qui je me suis lié. Le scénario s’est fait comme ça, en partant de l’idée qu’on avait avec Syrus du flic en reconstruction à Château Rouge, et on est allés chercher Mano pour son style décalé et grinçant."
"Ce qui me passionne dans le Paris des communautés réside dans l’organisation alternative qui s’y opère naturellement. C’est un endroit où la société est en mutation, bon nombre n’ont pas de protection sociale, les économies souterraines sont très présentes, surtout post-Covid... Et même si l’application de l’ordre public n’est pas dénuée de dérives, son absence en engendre d’autres, des dérives."
"La clef pour vivre ensemble ? Je crois dans l’action individuelle et dans l’humanité de chacun."
Karmapolice possède, dans son casting, deux acteurs ayant joué un rôle clé dans le film de banlieue culte Les Misérables de Ladj Ly : Alexis Manenti (le policier Chris) et Steve Tientcheu (le maire).
Karmapolice puise dans la bande-dessinée, avec des influences du côté de Charles Burns, Trondheim, Sfar ou encore Larcenet. Julien Paolini explique : "La bande-dessinée peut, en un instant, transcender les symboles. Comme le dit Villeneuve, la forme aussi est substance. Karmapolice comme Black Hole parlent à l’âme, au subconscient. Un film de chamane ! Les spectateurs m’en reparlent différemment des mois après visionnage. Ils finissent par adhérer à la vision de Angelo. Cette part fantastique se rapproche du réalisme magique, le film oscille entre deux mondes."