La Beauté du geste s'inspire de l'autobiographie de la boxeuse Keiko Ogasawara. Si le réalisateur aborde chacun de ses projets avec l'idée d'en faire un documentaire, il a cette fois-ci décidé de raconter l'histoire de cette sportive par le biais de la fiction : "dans le cas présent, les évènements relatés dans le livre de Keiko Ogasawara se sont déroulés voilà une dizaine d'années ; j'étais assez réticent à l'idée de les reproduire à l'image dans un délai relativement court. D'autant plus qu’en tant que spectateur, lorsque je regarde un film basé sur des faits réels, je suis toujours tenté de comparer la réalité de ces faits et ce qu'il en reste à l'écran." Il a finalement renoncé à reconstituer les éléments du livre et a opté pour une fiction quasi-totale, qui reste a minima inspirée de la vie de Keiko.
Le film a été tourné pendant la pandémie de Covid-19 et intègre cette réalité à l'écran. Le réalisateur développe : "Ça a été un moment si particulier qu'il m'aurait paru incongru de filmer une fiction qui en serait déconnectée ; j'aurais eu l'impression d'être dans le déni, de fuir la réalité. Par ailleurs, le hasard fait qu'à la même époque j’effectuais des recherches sur l'impact du port des masques FFP2 sur la vie quotidienne des malentendants, dont la possibilité de lire sur les lèvres s'en retrouvait très restreinte. Il m'a semblé pertinent de l'intégrer à La Beauté du geste."
Sho Miyake a décidé de tourner en 16 mm car ce format allait de pair selon lui avec l'inexorabilité du temps qui passe, qui est l'un des thèmes principaux du film. Par ailleurs, le 16 mm nécessite une gestion serrée de la pellicule en raison de son coût. Cela poussait le réalisateur à limiter les prises et permettait de ne pas surmener les acteurs, qui tournaient des scènes physiques exigeantes.
La Beauté du geste est le premier long-métrage de Shô Miyake à sortir en France. Son premier film, Playback (2012), a été sélectionné en compétition au Festival international du film de Locarno. Il réalise ensuite un documentaire musical, The Cockpit, sélectionné au Cinéma du Réel en 2015, suivi de And Your Bird Can Sing en 2018, présenté à la Berlinale. Il dirige en 2020 pour Netflix la série horrifique Ju-On : les origines, adaptée de la célèbre franchise The Grudge.
L'enjeu de La Beauté du geste ne repose pas sur une victoire sportive mais plutôt sur une victoire personnelle : "L'idéologie portée usuellement par les films de boxe, mais plus généralement de sport, est que les efforts finissent toujours par porter leurs fruits, que si on se démène pour un objectif, on l'atteindra. J'ai tendance à penser que la vie est loin d'être aussi simple que ça, que ce « quand on veut, on peut » ne s'adapte pas à toutes les vies, à tous les parcours. Je trouve plus intéressant d'observer l'impact des obstacles que l'on rencontre, comment on s'en relève ou pas".