Les bons sentiments
Tridan Lagache a passé sa vie au Club Med, à changer d’amis tous les 8 jours. À 50 ans, il démissionne du club de vacances mexicain où il est né, bien décidé à retrouver, 42 ans plus tard, son grand amour d’enfance, Violette. Il débarque à Paris, naïf et perdu mais heureux d’être hébergé chez Louis, un demi-frère dont il ignorait l’existence. Pour se débarrasser d’un Tridan encombrant, Louis supplie une de ses conquêtes, Roxane, de se faire passer pour Violette que Tridan croit reconnaître au premier regard… Je me demande bien pourquoi je me mets en peine de vous retranscrire – ctrlC / ctrlV – le pitch du nouveau Dany Boon… D’abord parce que la sortie d’un film de ce faiseur de succès – de gros succès… de très gros succès -, reste toujours un événement et surtout parce que ça fait un mois qu’on nous abreuve de bandes annonces diverses variées sur tous les écrans de l’hexagone. Si avec ça on n’a pas compris de quoi il retourne, c’est franchement qu’on y met de la mauvaise volonté.110 minutes plus tard, même si l’ensemble se tient très bien, c’est avec une pointe de déception que je me dois de constater que j’ai plus vu une romance comique, qu’une comédie romantique… je ne sais pas si vous me suivez. Pas un grand cru pour le roi du box office.
L’idée de départ était bonne, c’est incontestable. Mais une fois, le concept posé, ça s’essouffle à toute allure. Les gags tombent à plat car répétés jusqu’à épuisement… du spectateur. Alors, le scénario rame et les acteurs avec lui. Boon reconnaît lui-même que jouer sur l’inadaptation pendant près de deux heures étaient impossible, aussi s’est-il tourné volontairement vers la bluette. Alors, comme ce qui devait faire rire, ne fonctionne pas, c’est la romance qui prend le dessus… et alors là ! C’est fade à souhait. Il faut dire qu’ici on a confondu la gentillesse avec la niaiserie. Et ça, dans une comédie ça ne pardonne pas, comme le manque de rythme… ah oui, je ne l’avais pas encore signalé, c’est mou que c’en est incroyable. Avec les ch’tis on riait toutes les 20 secondes, ici on baille toutes les 20 secondes. Et c’est dommage, car je suis très méchant car quelques situations et quelques répliques sont drôles, mais ce n’est pas assez pour que ça marche et je crains fort que le bouche à oreille soit très vite désastreux pour la crrière de ce tout petit film.
Heureusement il y a un trio d’acteurs qui sauvent à peu près les meubles. Quinze ans après Bienvenue chez les Ch'tis et neuf ans après Supercondriaque, cette comédie marque la troisième collaboration entre Dany Boon et Kad Merad. La complicité est évidente et comme le talent des deux comparses ne peut être mis en doute, ça fonctionne. Mais la révélation, c’est vraiment Charlotte Gainsbourg, totalement déjantée dans cette comédie d’une grande sagesse – hélas – et d’un politiquement correct affligeant – re hélas -. Alors on peut se laisser aller au charme du trio, mais je le répète on en attend beaucoup plus de Dany Boon. Il existe assurément bien pire que les films du ch’ti le plus célèbre de France dans la comédie, mais ça reste pour moi, une grosse déception.