La Campagne de France : les secrets du tournage

La Campagne de France est né du désir du réalisateur d’explorer le village de son grand-père, Preuilly-sur-Claise. S’il n’a pas pu relater la vie de ses grands-parents, décédés, ni de leurs amis proches, eux aussi disparus, il s’est intéressé à d’autres figures du village, dont Gérard, qu’il a filmé pendant un an dans La Peau dure. « J’aurais pu m’arrêter là et décider que j’avais définitivement fait le tour du village et de la question. Mais l’empathie, la proximité et les liens d’amitié qui se sont créés […] m’ont remué beaucoup plus que je ne pensais. Et c’est en revoyant le film avec eux que j’ai compris que dans la vie, comme au cinéma, m’intéressaient davantage les bras cassés, les solitaires, les hors-norme, les marginaux et les boiteux. »

Fin 2019, Sylvain Desclous retourne filmer le village de Preuilly-sur-Claise alors que les élections municipales se profilent. Son plan est bouleversé par trois rebondissements : la candidature de Mathieu en tête de liste (« [il] a forcé le cours du film et est devenu le personnage principal, soulevant dans son sillage un vent de cinéma, de fiction et de poésie »), son choix de colistier en la personne de Guy Buret (« que la moitié du village jalouse et que l’autre déteste. Guy Buret qui rêve depuis toujours d’être maire à la place du maire et qui a compris cette année que sa seule chance d’être conseiller municipal était de ne pas être candidat ») et la pandémie.

« C’est ce que j’ai essayé de faire : parler de mon village en le filmant avec amour et lucidité. Et au-delà du sentiment que j’éprouve d’avoir – quelque part - bouclé la boucle et réglé une quête et une dette personnelles, j’ai également le sentiment d’avoir pu approcher, en fabriquant ce film, un petit morceau d’histoire dans la grande. Un petit bout de campagne dans la campagne », explique le réalisateur.