La Chance sourit à Madame Nikuko est tiré d’un roman de Kanako Nishi. C’est à l’occasion d’un voyage à Ishinomaki et Onagawa, avant le tsunami de 2011, qu’elle s’est rendue dans un restaurant de viande grillée sur le port d’Onagawa. Là, elle a commencé à imaginer l’histoire d’une femme qui travaillerait dans ce restaurant, « une femme que tout le monde aimerait et qui mangerait toujours plein de viande délicieuse » et de sa fille. « Peu après, la catastrophe naturelle a eu lieu. Je me suis alors demandé s’il était raisonnable de poursuivre ce travail, mais mon arrogance d’écrivain l’a emporté et j’ai continué d’écrire. »
C’est l’humoriste et présentateur Sanma Akashiya, très populaire au Japon, qui a découvert le livre de Kanako Nishi et est tombé sous son charme au point de vouloir l’adapter à l’écran en tant que producteur : « Sans doute parce que cela se rapproche de mon propre vécu, j’ai toujours eu un faible pour les histoires fortes entre parents et enfants. Les histoires de divorce, d’expérience éducative des parents, etc, me font tout de suite monter les larmes aux yeux. […] Le fait que la mère, Nikuko, et sa fille, Kikurin, viennent du Kansai me les rend très sympathiques. Ayant aussi grandi dans cette région, j’ai été entouré de femmes qui ressemblaient à Nikuko, toujours à rire à gorge déployée, joviales et un peu laxistes sur les bords. Je suis très attaché à ces femmes que je trouve passionnantes et qui m’amusent beaucoup. »
La Chance sourit à Madame Nikuko met en scène un personnage féminin principal doté d’un physique rarement mis en avant au cinéma. Le réalisateur se réjouit de cette différence : « Si le spectateur se contente d’observer la plastique de Nikuko, cela peut en effet rendre le film moins attirant. Mais il y a un sens important à cela. Où se trouve la véritable valeur d’une personne ? Où se cache le véritable amour ? »
Dans le roman original, le récit se déroule dans un port de pêche qui s’inspire de ceux d’Ishinomaki et d’Onagawa, dans la préfecture de Miyagi (au nord du Japon). L’équipe du film a préféré ne pas reproduire fidèlement un véritable port mais d’en imaginer un nouveau, notamment parce que suite au tsunami de 2011, les lieux qui avaient servi de modèle avaient disparu.
Shinji Kimura, le directeur artistique du film, s’est beaucoup inspiré du film Le Chocolat de Lasse Hallström qui se déroule dans un petit village français : « Ce film raconte l’histoire d’une mère et de sa fille qui arrivent dans un village qu’elles ne connaissent pas, en terre inconnue, pour y ouvrir une chocolaterie. L’atmosphère et les couleurs du village sont merveilleuses. » Les spectateurs fans de Ghibli ne manqueront pas non plus de remarquer des clins d’œils à Mon Voisin Totoro, notamment lors de la scène de l’arrêt de bus. Enfin, la scène où Nikuko et Kikurin font du pain perdu au petit-déjeuner est un hommage à Kramer contre Kramer, qui est l’un des films préférés du producteur Sanma Akashiya. Ayumu Watanabe s’explique : « Quand j’ai présenté cette scène à Sanma Akashiya, il était étonné et m’a dit qu’il ignorait que j’aimais Kramer contre Kramer. Je lui ai alors appris que le pain perdu était en fait une recette que Miu avait enseignée à Nikuko, et il était ravi (rires) ».