Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise : les secrets du tournage

Le père de la réalisatrice, Michale Boganim, faisait partie en Israël des Panthères Noires, un mouvement de protestation et de révolte né en 1971 contre le statut inférieur des juifs orientaux, les Mizrahim. « Les Blacks Panthers, aux États-Unis, ont eu connaissance de ce mouvement mais il n’y a pas vraiment eu de lien entre eux. En revanche, les Panthères Noires d’Israël ont eu des liens avec les Palestiniens, par le biais du seul parti bi-national de l’époque, composé d’arabes et de juifs. » Boganim a décidé de consacrer un film à ce sujet peu connu, en axant le projet sur le pacours de son père mais son décès survenu en janvier 2017 a failli la stopper. Encouragée par sa productrice Marie Balducchi, elle a finalement achevé ce qui est devenu un hommage à son père : « j’ai travaillé à partir de l’absence de mon père pour nourrir le film, en intégrant dans la voix off les histoires qu’il m’a racontées, les expériences qu’il a eues, les souvenirs que je restitue. »

Le film a pu se faire grâce à une maison de production française et l’Aide aux Cinémas du Monde et celle de la Région Île de France. La réalisatrice explique : « Le projet a été soumis en Israël et a reçu très peu d’aide. C’est un projet que je n’aurais jamais pu faire aboutir en Israël. Le film n’a pas encore été montré là-bas et je suis curieuse de la réaction. Comme je raconte comment une discrimination a été déployée méthodiquement, je ne suis pas sûre que ça plaise. »

Le film est conçu comme une lettre adressée par une fille à son père. Une structure qui est apparue comme une évidence à la réalisatrice, qui s’est aussi inspirée d’un essai de James Bladwin, La prochaine fois, le feu, où il s’adresse à son neveu sous forme de lettre pour parler de la discrimination dont son père a fait l’objet. « J’avais trouvé cette histoire de transmission entre générations au sujet d’une réalité toujours en cours très belle. »