Les Volets verts est adapté du roman du même nom écrit par Georges Simenon et paru en 1950 aux Presses de la Cité. C'est en premier lieu Gérard Depardieu qui, au détour d'une conversation durant l'été 2017, conseille à Michèle et Laurent Pétin de lire cet ouvrage.
Les producteurs prennent alors une option sur les droits du roman auprès du fils de son auteur, John Simenon, puis font appel à Jean-Loup Dabadie pour l'adapter. Le célèbre metteur en scène écrit une première mouture de scénario, mais meurt en mai 2020.
Bertrand de Labbey, l’agent de Dabadie et Depardieu, propose alors à Michèle et Laurent Pétin de solliciter le réalisateur Jean Becker, qui se montre intéressé. Canal+ adhère ensuite très vite au projet, ce qui permet de boucler l'étape de financement et d'entamer le tournage en août 2021.
Le scénario de Jean-Loup Dabadie présentait Jules Maugin de manière chaleureuse. Lorsqu'il a repris le projet, Jean Becker a retravaillé le personnage pour le rendre plus complexe. Michèle et Laurent Pétin précisent :
"C’est avec détermination que Becker s’empare du projet. Il a souvent travaillé avec Jean-Loup. Il se fraie rapidement son chemin dans le scénario et le met « à sa main », ajoutant des touches personnelles, adaptant parfois les dialogues aux comédiens qu’il choisit."
"Il ajoute quelques scènes au personnage de Jeanne. Il met de la comédie dans l’amitié entre Maugin et Felix, son meilleur ami. Il renforce l’humanité de Maria, l’habilleuse, il étoffe le personnage de Narcisse, le chauffeur."
Jean Becker avait déjà fait tourner Gérard Depardieu dans Elisa (1995) et La Tête en friche (2010).
Si l'intrigue du roman se déroule dans les années 1950, Jean Becker a choisi de situer le film dans les années 1970. Il explique : "Au début, l’histoire se déroulait à l’époque contemporaine, mais en lisant le livre, je me suis dit que c’était impossible, tant la vie des acteurs d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle de ces monuments des générations précédentes comme c’est le cas de Maugin, le personnage du livre de Georges Simenon."
"Nous avons finalement opté pour le début des années 1970, même si nous n’en n’avons finalement conservé qu’assez peu de signes extérieurs. Reste l’essentiel, à savoir que le personnage reste plausible dans son époque, même si, par certains détails, il en représente aussi la fin."
Comme un clin d’œil à Jean-Loup Dabadie et aux années Sautet, le producteur Laurent Pétin a tenu à ce que le personnage de Felix (joué par Benoît Poelvoorde) conduise la même Alfa Romeo que Michel Piccoli dans Les Choses de la vie.
Fanny Ardant et Gérard Depardieu ont joué ensemble à une dizaine de reprises. Pour Jean Becker, ils renvoient à ces couples d’acteurs très connus qui existaient à une époque, comme Simone Valère et Jean Desailly, Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault ou Delphine Seyrig et Sami Frey. Il précise :
"Dans la vie, Depardieu éprouve un amour profond pour Fanny Ardant. Donc leur complicité dans la vie se retrouve aussi dans le film et il n’est pas nécessaire de l’expliquer. Dans Les Volets verts, il se conduit comme un soupirant vis-à-vis d’elle parce qu’il sent qu’elle va lui échapper."
Jean Becker a pour habitude de tourner très peu : deux prises au maximum. Le cinéaste raconte : "Je n’ai pas besoin de plus. À quoi bon ? Si la troisième prise n’est pas bonne, ça ne sert vraiment à rien de continuer. C’est que le texte ne passe pas ou que la mise en scène est mauvaise et c’est souvent pour ça que l’acteur n’arrive pas à jouer la scène."
Les Volets verts a, entre autres, été tourné dans plusieurs lieux emblématiques de Paris : les théâtres du Mogador et de la Porte Saint-Martin, les brasseries Le Balzar et Bofinger, ou encore le restaurant Le Bœuf sur le Toit.
A l’origine, Jean-Loup Dabadie avait imaginé, au lieu de la scène de la pêche entre Depardieu et Poelvoorde, une partie de boules (comme le film se déroule dans le Midi). Mais cela ne convenait pas à Jean Becker :
"Alors, j’ai pensé à une scène que j’avais vécue. Un jour, en Casamance, je suis parti à la pêche en haute mer sur un bateau qui disposait de quatre sièges alignés à l’arrière. Dès que l’un d’entre nous prenait un poisson, nous échangions systématiquement nos places pour soi-disant répartir la chance."
"Et il s’est trouvé que j’ai pris le premier poisson et que j’en ai attrapés ensuite depuis les quatre sièges, alors que les trois autres n’ont rien pris, ce qui les a énervés au plus haut point."
Jean Becker définit Les Volets verts comme une chronique centrée sur la vie d’un acteur et de tout ce qui se passe autour de lui (son chauffeur, son habilleuse, etc.) : "Je trouvais que ça relatait assez bien tout ce que j’avais pu observer personnellement de la vie de ces comédiens que j’ai bien connus."
"C’est une existence survoltée, tout le temps ou très souvent en représentation sur la scène, sur un plateau de cinéma ou ailleurs et où on lui demande d’être un autre tout en essayant de garder sa personnalité, obligé d’aller chercher des émotions tout au fond de lui-même quitte à se faire mal."
"Souvent, ils ont besoin de s’aider pour arriver à le supporter soit avec l’alcool soit avec la drogue : pour Maugin c’est l’alcool."
Gérard Depardieu et Benoît Poelvoorde se retrouvent après Astérix aux jeux olympiques (2008), Mammuth (2010), L'Autre Dumas (id.), Le Grand soir (2012), Saint Amour (2016), Mystère à Saint-Tropez (2021) et Adieu Paris (id.).
La scène de la panne de moteur du bateau a été inspirée à Jean Becker par un événement qu'il a vécu lorsqu'il était parti en bateau avec son frère. Le réalisateur se rappelle : "Nous avons croisé un chalutier des Sables d’Olonne qui était en panne et les occupants nous ont demandé de les ramener jusqu’à la côte."
"Mon frère leur a demandé s’il pouvait jeter un œil au moteur, a pris un marteau et a commencé à taper. Il leur a demandé de remettre le moteur en marche et celui-ci a démarré. En fait, l’explication était celle que je donne dans le film : il suffit parfois de décoller le charbon du démarreur pour pouvoir redémarrer."
Début 2022 sortait Maigret porté par Gérard Depardieu, également adapté d'un roman de Georges Simenon (Maigret et la jeune morte, publié publié pour la première fois en 1954).