Mad God est le deuxième long-métrage de Phil Tippett, grand maître des effets spéciaux et spécialiste de la stop-motion, à qui l’on doit quelques-une des créatures les plus mémorables du cinéma hollywoodien, de Jabba le Hutt de Star Wars aux insectes géants de Starship Troopers.
C'est après avoir travaillé sur RoboCop 2 (1990) que Phil Tippett a l’idée de Mad God. Il esquisse et crée quelques créatures et décors et tourne une poignée de scènes. En 1994, il est engagé pour superviser les dinosaures de Jurassic Park mais Steven Spielberg préférera utiliser des images de synthèse. S'il reste superviseur des effets visuels sur le long-métrage, cette expérience le fait douter de l'utilité des effets visuels mécaniques et l'amène à penser que son travail sur Mad God est devenu obsolète. Une vingtaine d’années plus tard, dans ses studios à Berkeley, plusieurs de ses collaborateurs tombent sur les marionnettes et décors originaux des premiers tournages. Grâce à cette découverte, une nouvelle génération d’artistes, formée principalement sur ordinateur, apprend de Phil Tippett et l’aide à faire revivre son film, abandonné depuis longtemps. Entouré d’une équipe de bénévoles, il forme cette nouvelle génération d’artistes et d’artisans qui donnent à leur tour une seconde vie à l’œuvre de leur mentor. Le projet est achevé en 2020, Phil Tippett finalisant seul le film pendant la pandémie.
"Impossible de décrire Mad God. Pour moi, c’est comme créer un récit que le public va lui-même compléter. Tous les objets sont très identifiables du point de vue de notre expérience quotidienne, mais ils sont assemblés de manière plutôt brisée et reconfigurée", explique le réalisateur. Il ajoute : "La forme finale de Mad God, c’est le souvenir qu’on en a après visionnage ; c’est comme se réveiller et explorer le souvenir d’un rêve qu’on vient de faire. C’est ça, l’expérience. Pas le film lui-même – le film est seulement un moyen d’y parvenir."
Mad God est né de la découverte par Phil Tippett du travail de Jérôme Bosch, de Pieter Bruegel l’Ancien et de son fils, Pieter Brueghel le Jeune, lorsqu'il avait environ dix ans. Avec ce film, il voulait faire "une zone peuplée de fantômes et d’habitants de notre culture longtemps après sa disparition. Il s’agirait d’un agrégat d’angoisses, de peurs, d’espoirs, de rêves et de compulsions utilisés pour créer une gestalt. J’ai conçu Mad God comme un mythe infantile transgressif." (Propos extraits et traduits du livre Mad Dreams and Monsters. The Art of Phil Tippett and Tippett Studio écrit par Alexandre Poncet et Gilles Penso)