Vous connaissez l’expression : je n’en attendais rien, et je suis quand même déçu ! C’est un peu l’impression qui domine au sortir de la salle de cinéma. C’est vrai, je n’attendais pas monts et merveille d’une comédie française calibrée pour les dimanches soir à la TV, je trouvais l’idée de départ plutôt mignonne mais c’est tout. En fait : c’est tout ! Il n’y a rien à dire par exemple de la réalisation de Fabrice Maruca, elle est tout à fait conventionnelle. Le film est assez court, on ne s’ennuie pas (c’est déjà ça !), mais c’est à peu près tout. Ah si, il y a une bande originale sympathique, ce qui est quand même la moindre des choses. On y entend un peu de tout, en version originale ou chanté par les comédiens, du Charles Aznavour du Joe Dassin, du Julien Clerc ou du Serge Gainsbourg, un peu de Lio et de Jean-Jacques Goldman (massacrés), rien que de la chanson française bizarrement, comme si en province on n’écoutait que de la variété française bien datée et jamais Rihanna, U2 ou Bruce Springsteen. Mais bon, passons là-dessus… Sinon, on sourit souvent, on s’esclaffe rarement, c’est drôle et inoffensif, en résumé c’est un humour bon enfant qui ne fait pas de mal mais qui trouve vite ses limites. On ne peut pas dire que les comédiens soient en cause De Jeremy Lopez à Clovis Cornillac (qui aime bien casser son image d’ours mal léché), d’Alice Pole à Arthus, ils font le job sans forcer. Déjà, ils chantent juste (et je pense que ce sont les comédiens qui chantent) et il essaie de donner tout ce qu’ils peuvent dans des rôles dramatiquement sous-écrits. C’est difficile de demander à des acteurs de combler un scénario qui tourne à vide à bout de 20 minutes ! Je l’ai dit, l’idée de départ est charmante : puisqu’aujourd’hui on peut tout se faire livrer, des fleurs, des repas, pourquoi pas des chansons : un petit message chanté est parfois plus éloquent qu’un bouquet de roses. Voilà, partant de ce principe il faut quand même écrire un scénario la dessus, on ne peut pas rester juste sur cette idée de départ ! Alors, on aurait pu espérer quelque chose avec un peu plus de fond : une petite critique sociale (voir « The Full Monty ») ou une peinture un peu acide de ce qu’on appelle l’uberisation de la société. Mais non, le scénario se contente
d’explorer les rapports père-fils, les histoires d’amours contrariées entre deux amis d’enfance, la difficulté de quitter les jupons maternels
, rien que des thèmes éculés traités 1000 fois par le cinéma ! Le scénario repose sur du vide, les petites intrigues cousues dessus ne valant pas grand-chose, il reste les chansons, et le pseudo suspens de savoir si la micro entreprise va survivre, non aux problèmes d’argent, mais aux problèmes d’ego ! La fin, elle aussi, aurait pu être mieux écrite, puisqu’on la sent venir à des kilomètres.
J’aime bien l’idée du stade et de la mi-temps du derby nordiste comme feu d’artifice final mais il fallait leur faire chanter « Les Corons » par exemple. A défaut de mieux, on aurait eu un peu la chair de poule… Mais non, là encore le film joue petit et étriqué.
C’est quand même énervant ce manque total de créativité et d’audace, cet amour immodéré pour les scénarii stéréotypés ! « Si on chantait » est une comédie à réserver à un public peu exigeant et très indulgent. Si vous avez envie de voir une comédie originale, audacieuse et ambitieuse, choisissez plutôt d’aller voir « Aline » de Valérie Lemercier : ça chante tout autant… et ça chante mieux !