Un premier film d’une jeune réalisatrice, Virginie Sauveur. Karin Viard en chancelière de l’évêché de Paris. La place des femmes dans l’Église catholique. Un prêtre qui décède et qui se révèle être une femme... Il ne fallait pas plus que ces éléments réunis pour piquer notre curiosité. D’autant plus qu’hormis pour parler de la pédophilie au sein de l’Église dans quelques œuvres mémorables (« Spotlight », « Grâce à Dieu », ...) ou dans des films d’horreur à base d’exorcisme, ce n’est pas un contexte beaucoup représenté au cinéma. On pense à « Habemus Papam » également mais peu de long-métrages investissent ce terrain glissant et encore très secret. Alors lorsqu’il s’agit de parler de la place des femmes dans cet univers très masculin et de transgenrisme, c’est plutôt alléchant. Et, durant toute la première moitié du film, le pari est tenu car le film captive, entre enquête sur le pourquoi du comment de cette femme prêtre et réflexions sur le sujet. Mais, arrivé à la moitié, les choses se gâtent malheureusement.
En effet, le scénario écrit par la réalisatrice à partir du roman d’Anne-Isabelle Lacassagne se pare d’une sous-intrigue concernant le fils du personnage principal et de son envie de connaître son père. Si elle avait été juste satellite à l’histoire principale et censée donner du poids (et une vie privée) à Charlotte, cela aurait pu passer le temps de quelques scènes. Mais cette histoire secondaire phagocyte totalement le récit dans sa seconde partie au point de l’envahir et de nous désintéresser de la trame principale par la même occasion. Pensant certainement que cette histoire allait nourrir naturellement l’intrigue, les scénaristes ont eu en plus la main généreuse sur des facilités de scénario où cette sous-intrigue alimente la première. Mais c’est bien trop gros et encore une fois facile. À partir de là, « Magnificat » tangue sérieusement et perd de sa force initiale et c’est bien dommage.
Encore une fois, le long-métrage peut compter sur la prestation investie et sans faille de Karin Viard qu’on n’aurait pourtant pas imaginer dans un rôle comme celui-là, preuve nouvelle de son indéniable talent d’actrice tout-terrain. Et il est vraiment décevant de voir que « Magnificat » se gâche dans sa seconde partie, car Sauveur fait montre de certaines qualités de mise en scène remarquables pour un premier film. Certains plans sont très beaux, on pense notamment à celui de la crémation, plein de sens et très esthétique, et aux jeux de lumière naturelle avec le soleil qu’elle met en place. On aurait aimé également que la réflexion soit plus poussée et marquée concernant la possibilité de faire bouger les choses au sein de l’Église sur la question des femmes. Un film qui se tire une balle dans le pied en somme...
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