Transgression
C’est le 1er film de Virginie Sauveur que j’ai l ‘occasion de voir. Il faut dire aussi qu’elle a surtout réalisé pour la télé avant d’adapter le roman d’Anne-Isabelle Lacassagne, Des femmes en noir. Enfin un sujet original… en tout cas, peu ou pas traîté à l’écran. À la mort d’un prêtre, la chancelière du diocèse découvre abasourdie qu’il s’agissait d’une femme ! Contre l’avis de son évêque qui souhaite étouffer l’affaire, elle mène l’enquête pour comprendre comment et avec quelles complicités une telle imposture a été possible... 97 minutes qui valent par l’intelligence du propos, la réflexion qu’elles suscitent et bien sûr, le casting sans reproche.
Le roman n'étant pas basé sur une histoire vraie, il s’agit donc d’une fiction. La question reste, jusqu’où peut-on parler de fiction quand on devine et comprend toutes les réticences – et le mot est faible – que l’Eglise mettrait pour dévoiler ce genre de problème. Quand on constate avec effroi, le temps qu’il aura fallu pour qu’Elle admette le scandale de la pédophilie systémique, on imagine que si l’histoire de ce film était avérée, qu’elle serait rapidement mise sous le boisseau du silence et du dénie. C’est donc, bien au-delà du sujet de ce drame qu’il faut regarder et poser des questions. La réalisatrice se défend d’avoir voulu attaquer l’Eglise, mais c’est tout de même bien imité. En tout cas elle pose de manière frontale le problème de la place des femmes dans l’institution. Rappelons qu’en 1994, Jean-Paul II a même opposé un « non éternel » à l’ordination des femmes prêtres. C’est donc un cas de transgression qui nous est raconté ici. Hélas, les scénaristes ont cru bon de charger la mule en croisant avec un autre sujet, celui de la paternité, qui, même s’il peut apporter un autre éclairage au thème principal, prend beaucoup trop de place. Mais c’est tout de même un film habile sur l’imposture et la manipulation. A voir !
Bien sûr, quand on inscrit le nom de Karin Viard en haut de l’affiche, c’est gagnant à tous les coups. On se répète, mais c’est une immense actrice. Le choix de François Berléand en évêque, avait, apriori de quoi surprendre… Une fois de plus, il faut savoir faire taire ses a priori. Citons encore le jeune Maxime Bergeron, Nicolas Cazalé, Patrick Catalifo, Anaïde Rozam. Une thématique choc menée comme un polar sans doute un peu trop sage. Tout à fait honorable.