Vesper Chronicles : les secrets du tournage

Avec Vesper Chronicles, Kristina Buozyte et Bruno Samper développent un univers dans lequel la génétique est une évolution logique de la science : « Cette idée que plus la technologie va avancer et évoluer, plus elle va s’intégrer au vivant et devenir totalement organique. Aujourd’hui on commence à stocker de l’information numérique sur de l’ADN. La prochaine révolution sera sans doute celle de la biologie synthétique, elle s’est déjà notablement accélérée pendant la pandémie. On s’est aussi beaucoup penchés sur le biodesign : depuis 20 ans, l’informatique a permis, grâce aux images de synthèse, de faire émerger une esthétique inspirée de la complexité des formes du vivant. Il y a tout un pan de l’art et du design qui s’est développé dans ce sens-là chez les stylistes, les designers ou dans le "motion design". »

Les influences de Vesper Chronicles sont multiples. Les réalisateurs se sont nourris aussi bien de photographies de plantes, d’insectes, de méduses, d’organismes aquatiques, que de la série documentaire L’Aventure des plantes de Jean-Marie Pelt ou encore le film animé La Planète sauvage de René Laloux. « On peut retrouver aussi des références à Jim Henson, à Miyazaki, mais aussi à des designers comme Neri Oxman, des architectes, notamment dans l’architecture prospective. »

À l’exception des intérieurs de la maison de Vesper filmés en studio, tout le reste est en décor naturel. L’équipe a arpenté la Lituanie durant un hiver enneigé pour effectuer des repérages. Deux semaines avant le tournage, aucun lieu de tournage n’était validé en raison de la neige. « Il a fallu imaginer à quoi ressembleraient certains décors quand la neige aurait fondu. Le tournage a été, lui aussi, un véritable défi, notamment pour les comédiens, car le printemps n’a pas été clément. Mais c’est un mal pour un bien : en pleine nature, les comédiens sont plus réactifs à ce qui les entoure », explique Kristina Buozyte.

Avec le chef opérateur Feliksas Abrukauskas, les réalisateurs ont décidé de s’inspirer de Rembrandt et Vermeer pour la lumière du film. « Nous voulions éviter l’image froide et morte qu’on retrouve parfois avec le numérique et avoir la photo la plus organique possible, que l’image ait quelque chose du vivant. Nous avons travaillé le digital pour retrouver la chaleur de la pellicule », révèle Bruno Samper.

Les réalisateurs ont privilégié des optiques anamorphiques, « pour jouer sur les rapports d’échelle et retranscrire à l’écran cette vision un peu panthéiste de la nature ». Ils ont beaucoup utilisé le steadicam afin de suivre au mieux les mouvements de leur héroïne, toujours en action.

Bien que Bruno Samper ait travaillé dans le milieu des effets visuels et de la réalité virtuelle, Vesper Chronicles contient peu d’effets numériques. Les réalisateurs ont décidé d’avoir recours le moins possible aux CGI et de n’utiliser aucun fond vert. Au final, le numérique a été utilisé pour les créatures complexes, des extensions de décors et le robot, pour lequel « nous avons combiné les techniques. Nous avions un vrai drone que nous pouvions donc filmer en vrai. Mais il faisait beaucoup de bruit, comme une tondeuse à gazon, et nos comédiens ne pouvaient pas jouer avec ça à côté. »