Séduit par la bande annonce (TF1 JT 13h48 ce jour Dimanche 4 décembre 2022) avec ses (très) courts extraits de l'Ouverture de Figaro et surtout du Laudate Dominum (de Mozart), laissant imaginer un peu le procédé de Amadeus, une soundtrack merveilleuse faisant de n'importe quel film, même sur fond douteux de querelles inventées, un chef-d'oeuvre. Je suis donc allé à l'avant-première 18h00 ce jour D 4 déc à Versailles (sortie en salles Me 7 déc).
Égaler Amadeus, ça ne le fait certes pas, mais ça reste un excellent film. Tous les acteurs sont bons (surtout Arditi le vieux chef, et Pascale Arbillot l'ex du jeune chef), bien dirigés, sur des dialogues bien faits. Le scénario par contre est insuffisamment pensé. La soundtrack, si elle doit ses deux sommets à Mozart, ne lui est cependant pas réservée comme Amadeus ou comme la bande annonce le suggère, mais elle est très bonne dans l'ensemble, et ne déçoit pas ceux qui se sont fiés à l'annonce d'un univers de style classique.
Je rappelle le pitch: La Scala (réelle, mais dans une histoire fictive) veut pour nouveau chef Denis Dumar (Yvan Attal), mais le signifie par erreur à son père François Dumar (Pierre Arditi), tous deux étant chefs d'orchestre. D'où des quiproquos artificiels et enflés, auxquels s'ajoutent de tout aussi fabriqués imbroglios avec Jeanne (Pascale Arbillot) l'ex (restée amie proche) du jeune chef et avec sa jeune maîtresse Virginie (Caroline Anglade).
Le film succombe certes, même si légèrement et moins que la moyenne, aux travers du cinéma français : diction des acteurs parfois marmonnée ou peu claire (Messieurs les acteurs, nous spectateurs ne sommes pas comme vous dans un studio avec des casques pros!), scénario quelque peu improbable : Mr Mayer le directeur de La Scala ne dit pas à sa secrétaire de lui passer le chef Dumar de vive voix mais la fait le déranger en pleine répétition et lui annoncer elle-même sa nomination (!), et ce, sans la prévenir "attention, il y a deux chefs appelés Dumar, passez-moi DENIS Dumar" ; ensuite pour réparer la bourde, Mr Mayer parle enfin de vive voix, et avec égards et soin, mais bien trop tard, et... au fils ! non-crédible, mais bonne recette pour fabriquer à l'infini imbroglios et embarras sinon inimitiés voire ressentiments, que le cinéma français croit toujours indispensables au remplissage de 1h25 et au succès.
Ces défauts restent cependant mineurs par rapport aux qualités, dont la première est : je ne me suis pas ennuyé une seconde (et pourtant je ne suis pas bon client). Et visiblement les autres spectateurs non plus (contacts facilités par une ambiance chaleureuse dans la salle, notamment à cause d'un grand groupe sympa).
Un joyau, qui à lui seul mérite d'aller voir le film: le Laudate Dominum (à 45-60 minutes), la grande partie soprano, entière sans coupure ni modifications - sauf hélas les 10 dernières secondes pour raison de raccord (Mozart commence le choeur avant la fin de la soprano), qui étaient pourtant le court et simple mais nécessaire et magnifique "in aeternam." (avec le point!), très bien chantée, par une jeune soprano, belle voix, exacte, juste, et pure, prenant bien soin de ne rien perdre NI AJOUTER ou modifier à l'émotion que Mozart a, à son habitude, déjà mise avec doigté dans la partition, le tout avec d'excellentes mise en scène et prise de vue et de son.
Autre très bon passage, en finale du film, l'Ouverture de Figaro. Bien jouée (elle l'est toujours), en entier (même si cela m'a paru raccourci, si ça l'est c'est avec soin et indiscernable), toujours excellentes mise en scène (à part la double direction fils+père nécessaire à l'intrigue) et prises de son et d'images. Exécution musicale bonne même si moins parfaite que le Laudate : à la mode moderne et quelque peu orientalisée, elle met l'accent sur le rythme (e.g. forte accentuation des points fortissimo) au (léger) détriment des précision et finesse des mélodies et de l'harmonie que permet normalement la polyphonie.
Versailles, Sun 04 Dec 2022 22:54:20 +0100