The Power est le premier long-métrage de la réalisatrice Corinna Faith : « J’adore le fait que mon premier long métrage soit une histoire de fantômes. J’ai toujours été attirée par tout ce qui est perturbant et mystérieux. D’un point de vue pratique, je savais que la nature poétique d’une histoire de fantômes me permettrait d’explorer en profondeur ma fascination pour l’atmosphère, le design et la tension. »
The Power est né de la rencontre entre les producteurs Matthew Wilkinson et Rob Watson et la réalisatrice Corinna Faith. Celle-ci leur a pitché l’idée d’une histoire de fantômes dans un hôpital, alors qu’elle était sur le point de réaliser un autre film d’horreur qu’elle avait écrit, intitulé This Little Piggy.
« J’ai réalisé pendant le tournage que nous racontions une histoire sur le silence des filles. Des voix rendues silencieuses. Puis j’ai réalisé que, sans l’avoir prévu, je racontais aussi ma propre histoire. Il m’a fallu de nombreuses années, et des évolutions majeures de ma propre confiance en moi et de celle de l’industrie pour en arriver là. Pour permettre à ma propre voix de s’exprimer. Et tel un esprit agité, je n’ai pas l’intention de me taire de sitôt », confie la réalisatrice.
The Power se déroule durant la grève des mineurs britanniques de 1974, qui entraîna la mise en place de la semaine de trois jours par le gouvernement conservateur, dirigé par le Premier ministre Edward Heath. La consommation d’électricité était alors limitée à trois jours par semaine, initiant une série de coupures de courant dans tout le pays. C’est en se documentant sur l’Angleterre des années 70 que la réalisatrice a trouvé le contexte de son film : « les années 70 étaient une période vraiment, vraiment sombre, pas seulement physiquement, à cause des coupures d’électricité, mais aussi parce qu’il y avait beaucoup de meurtres terribles, de viols et de crimes. S’ajoute à cela la politique sexuelle de l’époque. Si vous lisez les journaux, vous verrez qu’il y avait un sexisme horrible, des photos de femmes à moitié nues faisant de la publicité pour tout et n’importe quoi, et le langage utilisé pour parler des femmes dans les journaux et les livres de l’époque était répugnant. »
La réalisatrice était consciente que le rôle féminin principal était exigeant physiquement. L’actrice Rose Williams a su montrer lors de son audition qu’elle n’avait pas froid aux yeux, comme s’en souvient le producteur Rob Watson. « Elle est entrée, s’est jetée par terre, s’est tordue, s’est relevée, a titubé jusqu’à moi, a pris la bouteille d’eau de la directrice de casting, en a avalé la moitié, puis l’a recrachée sur moi, le producteur. J’ai essuyé l’eau de mon visage et j’ai dit : “ Il faut que ce soit elle ”. C’est la seule à être allée jusqu’au bout. »
Trois Femmes de Robert Altman et Les Innocents de Jack Clayton ont été des références pour la réalisatrice. Au sujet de ce dernier, elle développe : « C’est un film troublant, à l’approche discrète et à la tension rampante, ce qui le rend d’autant plus effrayant. Il s’agit à la fois d’une histoire de fantômes gothique classique, mais avec une interprétation très personnelle. C’est quelque chose dont je voulais m’inspirer. »
The Power a été tourné dans une ancienne unité psychiatrique abandonnée, située dans l’enceinte de l’hôpital Goodmayes à Ilford, dans l’Essex. Il n’y avait pas d’électricité, pas de Wi-Fi, ni d’eau courante. Il a fallu apporter beaucoup de matériel sur place pour pouvoir filmer. Par ailleurs, le bâtiment n’était réparti que sur un seul étage. « Nous avons donc dû faire pas mal d’ingénierie pour le transformer en quelque chose qui donnait l’impression d’avoir plusieurs étages », explique le producteur Rob Watson.
Certaines personnes de l’équipe étaient persuadées durant le tournage que le plateau était hanté, en particulier une aile de l’établissement dédiée à la santé mentale. « Il y a eu une nuit en particulier où même ceux qui n’étaient pas facilement déstabilisés ont eu très peur et ont fini par se faire peur mutuellement, parce qu’il y avait une atmosphère très forte, très unique. Nous avons eu un incident avec un fourneau que nous avions fabriqué et nous avons eu un autre incident avec des générateurs : trois d’entre eux sont tombés en panne le même jour », raconte Corinna Faith. La température y était particulièrement basse et les téléphones portables ne fonctionnaient pas, tandis que les talkies-walkies étaient détraqués.