"Spider-man" premier du nom réalisé par Sam Raimi et sorti en 2002 est une pure réussite. Avec "X-Men" de Bryan Singer, c'est le film qui aura engendré toute une génération de films super-héroïques (à l'heure où j'écris cette critique s'apprête à sortir le sixième film consacré au tisseur..). Le métrage raconte l'histoire de Peter Parker, orphelin élevé par son oncle et sa tante, timide et remarquablement intelligent, qui se fera un jour mordre par une araignée génétiquement modifiée. L'accident lui confèrera des super-pouvoirs arachnoïdes et l'invitera à réfléchir sur le sens des responsabilités liées aux grands pouvoirs. L'histoire est très bien racontée : c'est un véritable parcours du héros que Peter réalise. La notion de paternité est centrale dans le film ; elle s'illustre d'abord par Ben Parker, père de substitution dont les paroles dirigeront la vie de Peter, mais aussi par Norman Osborn, père de son ami d'enfance Harry, qui va vite nouer avec lui une relation alternant entre respect et amitié. L'amour est aussi un fil conducteur du film car Peter étant éperdument amoureux de Mary-Jane Watson, il fera d'abord tout son possible pour l'impressionner
(chercher des voitures d'occasion dans les journaux)
puis il deviendra son 'fidèle serviteur' sous le masque du Tisseur..
La scène où MJ avoue à Peter qu'elle est tombée amoureuse de Spider-Man est remarquablement intelligente car elle illustre toute l'ambigüité du personnage.
Et que serait un bon film de super-héros sans un méchant digne de ce nom.. Devenu physiquement évolué et schizophrène suite à un accident de laboratoire, Norman Osborn est un personnage complexe et torturé. On sent qu'il lutte pour que le Bouffon ne prenne pas l'avantage sur lui
(les scènes où il est seul chez lui à se parler à lui-même sont à la fois terrifiantes et très bien pensées)
mais les différents échecs liés à sa vie privée
(la perte de sa femme, la distance avec son fils)
et professionnelle
(le rachat d'Oscorp)
le pousseront à extérioriser son mal intérieur sous la forme du super-vilain, dont le design a par ailleurs génialement été réinventé par rapport au comics. Une sorte de parallélisme va s'installer entre lui et Spider-Man :
il voudra d'abord faire rejoindre Spider-Man à sa cause, puis voyant qu'il a échoué le détruire psychologiquement (s'attaquer à ses proches pour lui montrer qu'il connaît son identité secrète, le pousser au choix en menaçant la femme qu'il aime et un téléphérique d'enfants anonymes innocents). Le duel final dans l'entrepôt abandonné est un grand moment de cinéma : les masques tombent, le sang coule et certaines blessures resteront ouvertes à jamais.
Le casting de ce film est absolument parfait : Tobey Maguire campe un Peter Parker maladroit, torturé mais aussi naturellement bon, Kirsten Dunst est impeccable dans le rôle de MJ, elle ne tombe pas dans le rôle cliché de la demoiselle en détresse que le héros doit sauver, Cliff Robertson est quant à lui quasi-divin en Oncle Ben (la scène de sa mort reste selon moi l'une des scènes les plus émouvantes jamais vues dans un film), James Franco colle parfaitement à la peau du personnage d'Harry Osborn comme fils de riche toujours un peu dépassé par la situation et enfin Willem Dafoe est absolument parfait dans le rôle d'Osborn senior/Green Goblin : il peut se montrer émouvant, chaleureux et brillant mais aussi démoniaque, calculateur et surtout très puissant. La BO signée Danny Elfman est entraînante, les scènes d'action sont réalistes et le montage offre des idées intéressantes (la musique rythmée lors de sa première ascension sur le mur, brillant). Pas besoin de s'éterniser plus pour dire qu'on tient là un grand film.