Adapté un comics n’est pas une chose facile. Beaucoup s’y sont essayés et beaucoup s’y sont cassés les dents. L’évolution technologique dans le cinéma étant en forte propension, il est logique de voir des comics, véritable vivier d’idées originales, se faire adapter au cinéma. On repense bien évidemment aux mauvais "Catwoman" ou "La Ligue des Gentlemen Extraordinaires" ou encore du très moyen "Green Lantern", mais certains réalisateurs ont su tirer leur épingle du jeu en proposant des versions réussies, voire d’excellente facture. On peut citer par exemple "Watchmen : Les Gardiens" de Zack Snyder, mais aussi "The Dark Knight, le chevalier noir" de Christopher Nolan ainsi que "Sin City" de Frank Miller et Robert Rodriguez. C’est en 2002 que Sam Mendes décide d’adapter un comics un peu part, sans magie ni super-héros avec "Les Sentiers de la Perdition". Ecrit par Max Allan Collins et dessiné par Richard Piers Rayner, ce comics est très terre à terre et tient plus du drame que du thriller ou de l’histoire violente.
Le récit s’arque autour d’une famille mafieuse irlandaise dans les années 30. Connor Rooney et Michael Sullivan sont des tueurs aux service de John Roonney. Michael Sullivan est le père de deux enfants dont l’aîné, pas très fort en mathématiques, est très curieux du métier de son paternel. Un soir, il se glisse dans la voiture de son père qui part en mission. Il assiste alors à un massacre engendré par Connor Rooney et son père. Témoin gênant de la scène, John Rooney décide de faire tuer la famille de Michael par Connor. Seuls Michael et son fils aîné, Michael Jr s’en sortent indemne. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid et le père de famille n’a pas dit son dernier mot. Pour faire très simple, on est face à un film de vengeance qui mêle aussi le drame familial et le road trip. Si tout cela reste vraiment simpliste, le déroulement et le fond sont à la fois sombres et lumineux. Et c’est ce contexte ambigu qui va faire que le film est très intéressant.
Le film est relativement sombre car il arpente le chemin dangereux de la vengeance. Répondre par le sang n’est pas forcément une bonne idée, mais c’est souvent le cas dans les familles mafieuses et encore plus dans les années 30 lors de la prohibition. On retrouve des phases très intéressantes qui montrent l’aspect noir du film, comme un bon vieux polar. Les phases sous la pluie sont d’une grande classe (magnifique scène de fusillade) et l’ambiance globale est très lourde. On sent une menace permanente sur les personnages. D’ailleurs, certains protagonistes sont à glacer le sang, comme celui interprété par Jude Law, qui est vraiment un grand malade. La scène finale est témoin de la violence du propos et de l’angoisse permanente qui englobe nos deux personnages principaux.
Mais d’un autre côté, le film demeure optimiste. En effet, on aura droit à une relation entre un père et un fils qui s’était dégradée avec le temps et qui revient à a normale voire à quelque chose de fusionnel sur la fin. C’est très beau à voir et l’évolution des personnages et de leurs émotions est très juste. Les scènes de partage entre ces deux personnages sont bien fichues car elles forcent le spectateur à se prendre d’empathie pour eux. Cela marche très bien et on s’attache très rapidement à Tom Hanks ou au jeune Tyler Hoechlin. Le film est bon aussi sur son message de fin. Il faut comprendre que le père fait tout pour que son fils ne suive pas le même chemin que lui et aille vers quelque chose qui ignore la violence. La scène de fin est éloquente et donne un grand espoir au spectateur.
Au final, "Les Sentiers de la Perdition" est un chef-d'oeuvre et une excellente adaptation de comics.